Coucher de soleil à Oia, Santorin
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our commencer, il nous faut préciser que, tout comme Mykonos (que vous pouvez découvrir ici : Mykonos, l’insaisissable apprivoisée), nous avons visité Santorin à deux reprises. Notre première fois remonte à quelques années et nous étions alors étudiantes, jeunes et franchement fauchées ! Ainsi, nous avions opté pour un road trip dans les Cyclades en camping et, à Santorin, nous nous étions offert le luxe de se louer une « hutte », c’est-à-dire une tente avec deux vrais lits à l’intérieur, ce qui était le summum du confort pour nous à l’époque ! Pour nous déplacer, nous dépendions des bus locaux car nous préférions allonger notre road trip et découvrir davantage d’îles plutôt que de consacrer un budget à la location d’un véhicule.
Lors de notre deuxième séjour, nous avions désormais un travail, ce qui nous permettait de revoir nos prétentions à la hausse (les choses avaient en effet bien évolué !). Là, au cours de cet autre périple dans les Cyclades (qui ne sera pas le dernier car il y a tant à faire en Grèce ; d’ailleurs, n’hésitez pas à consulter notre page destination Grèce pour en savoir plus), ce fut une histoire bien différente : hôtel avec piscine en plein cœur de Finikia, l’adorable village jouxtant Oia la magnifique et location d’un quad flambant neuf (ça, on ne l’a pas choisi, on a juste eu de la chance) afin d’être totalement libres de nos mouvements.
Nous avons donc vécu deux expériences totalement différentes, ce qui nous permet aujourd’hui de pouvoir apporter des réponses à ceux parmi vous qui se demanderaient « que voir à Santorin ? », en ayant un regard plutôt objectif sur l’île ainsi que sur la façon de la découvrir et d’en profiter au mieux.

Si toutefois vous êtes pressés, vous pouvez cliquer sur les liens du sommaire pour naviguer comme bon vous semble dans l’article, avant de revenir poursuivre votre lecture plus tard 😉

La première approche de Santorin : entre émerveillement et affres du tourisme

Dans les deux cas, nous étions arrivées à Santorin en ferry. Là, il faut dire que ça en jette ! Cette île volcanique, désertique et aride, tout en longueur, forme un arc de cercle, dans lequel le ferry progresse lentement afin de pouvoir manœuvrer. C’est là qu’apparaissent des teintes tirant tantôt vers le noir, tantôt vers le rouge avec, comme scellé par-dessus les roches, un enchevêtrement de formes blanches qui, lorsque l’on s’en approche, laisse entrevoir portes ou fenêtres, nous indiquant qu’il s’agit bien des fameuses habitations traditionnelles des Cyclades. En effet, si la Grèce ne devait être représentée que par une illustration, c’est l’image de Santorin et de ses cascades de maisons blanches qui serait sans doute choisie. Bien sûr, la Grèce est en réalité bien loin de se résumer à cela mais c’est un aspect plutôt représentatif des Cyclades. Alors, oui, la surprise et l’émerveillement face à ce paysage unique caractérisent le ressenti de tout voyageur se trouvant sur le pont du bateau à l’approche de Santorin. On ne peut qu’être en admiration face à ce paysage exceptionnel, qui laisse sans voix.
L’approche de Santorin par la mer est donc une expérience en soi car on entre dans un décor somptueux et on est immédiatement plongé dans l’univers presque irréel de cette île connue à travers le monde entier. Ainsi, Santorin offre, dès le premier regard qu’on pose sur elle depuis le pont du bateau, des images idylliques au voyageur, qui continuera de s’émerveiller en parcourant Oia ou les quelques villages voisins. Cependant, elle recèle également une autre facette qui, si elle ne ternit pas la beauté du lieu, laisse parfois des souvenirs mitigés quant à l’ambiance ressentie sur place.

En effet, il y a malheureusement le revers de la médaille car, qui dit beauté, image « carte postale » et décor unique, dit aussi tourisme à outrance… Ça, c’est ce que l’on perçoit immédiatement dès lors que l’on quitte le ferry pour poser le pied sur la terre ferme, qui plus est si l’on s’y rend en plein été, comme bon nombre d’entre nous. Reconnaissons le, nous faisons nous aussi partie de ces estivants, n’ayant pas d’autre choix que de partir en périodes scolaires (puisque c’est souvent la question que l’on nous pose à ce moment-là : et non, nous ne sommes pas profs 🙂 ). Ainsi, en débarquant sur le port étroit, situé à flanc de falaise, ce n’est qu’une succession de bousculades et de cris à laquelle on a à faire. Il faut s’imaginer la scène : les employés du port hurlent pour que piétons et voitures sortent au plus vite du bateau, les touristes un peu paniqués piétinent, tirent leurs valises et cherchent où aller, les chauffeurs de taxi hèlent à tout va les nouveaux arrivants, des habitants se tiennent là pour proposer, pancartes à la main, leur logement à la location… Bref, c’est le bordel !

Comme nous avons horreur de nous retrouver dans ce genre de situation, nous optons généralement pour une mise à l’écart de toute l’agitation et nous attendons que le rush soit passé pour commencer à agir. On ne déroge pas à cette règle et, à Santorin comme ailleurs, nous avons vite fait de nous poser dans une terrasse de café. Le hic, c’est que lorsque le ferry est reparti et que tout redevient calme, il n’y a plus beaucoup de services disponibles.
On s’explique : le port de Santorin est situé en contrebas d’une imposante falaise, que l’on remonte grâce à une route assez longue et au dénivelé plutôt important, qui zigzague pour arriver en haut. Ainsi, il y a plusieurs options pour rejoindre les villages principaux : bus, taxi, véhicule de location récupéré sur le port, stop ou âne (non, ce n’est pas une blague mais on plaint sincèrement ces pauvres ânes). L’âne, c’était évidemment non. Pour le véhicule, nous n’en avions pas réservé dès notre arrivée. Quant au stop, bien que nous l’ayons déjà pratiqué à plusieurs reprises, ce n’est pas l’idéal lorsque l’on est chargées comme des mules avec nos sacs de 70l sur le dos !
Concernant le bus, voilà que le premier problème se pose : puisque nous avons attendu que tout le monde s’en aille, il n’y en a plus et comme ils correspondent aux horaires des bateaux (on l’a appris lors de notre premier séjour à Santorin), on n’est pas prêtes d’en voir un arriver. De toute façon, lorsque les bus attendent les passagers du ferry, il n’y a jamais suffisamment de place pour tout le monde donc il ne faut pas regretter. Il ne nous restait donc plus que le taxi.

Avant de poursuivre, il est nécessaire de vous apporter une petite précision afin que vous compreniez mieux la situation. Pour ceux qui ne le savent pas encore, Boria est d’origine grecque et passait tous ses étés dans une ville au Nord de Thessalonique lorsqu’elle était enfant. Elle maîtrise donc les bases de la langue et est capable de mener une conversation courante, même si c’est loin d’être dans un grec parfait. Elle est également en mesure de le lire, ce qui, avouons le, est d’une grande aide pour se repérer sur les routes où les indications ne sont pas traduites ! De fil en aiguille et de voyages en voyages, elle a appris quelques rudiments à Laure, qui connaît désormais de nombreux mots usuels, est capable de passer une commande et sait également lire le grec. Très honnêtement, ce modeste bagage a toujours été un atout lors de nos différents périples en Grèce car s’il est vrai que les Grecs adorent la France, ils ne parlent souvent pas un mot de français. Quant à l’anglais, les jeunes générations le maîtrisent plutôt bien mais ce n’est absolument pas le cas des plus anciens, ceux qui se trouvent souvent là lorsque l’on veut demander un renseignement. Et alors, quand vous vous mettez à parler grec, même si l’accent n’est pas là, même si la phrase n’est pas tout à fait correcte, on peut vous dire qu’on perçoit immédiatement une petite lueur de joie dans le regard ! Bref, sans vouloir en jouer, on a souvent eu des loukoumadès en plus dans l’assiette après avoir échangé quelques mots de grec 😉
Au passage, si vous voulez savoir ce que sont ces fameux loukoumadès ou connaître les plats typiques de la gastronomie grecque, venez jeter un œil sur notre article On mange quoi en Grèce ?

Désormais, revenons à nos chauffeurs de taxi sur le port de Santorin. Ceux n’ayant pas trouvé preneur attendent devant leur voiture en discutant le bout de gras. Ni une, ni deux, Boria s’approche d’un petit groupe et demande en grec le prix pour aller jusqu’à Finikia. 50€ par personne. On répète : 50€ par personne pour 18km ! Ce tarif était absolument démentiel, d’autant plus pour la Grèce. Boria a donc parcouru tout le port, demandant systématiquement leurs prix aux chauffeurs mais c’était toujours la même chose. Heureusement, elle a fini par tomber sur quelqu’un de sympa qui (toujours en grec, bien sûr) lui a proposé de nous prendre en plus de quelques clients dans un minibus pour 20€ par tête. L’affaire était conclue !

Ça, c’était pour l’expérience taxi. Est-ce qu’on vous raconte aussi l’expérience « gare de bus » à Thira ? Celle-ci remonte à quelques années maintenant mais elle est malheureusement assez représentative de l’état d’esprit des locaux en pleine saison. Nous étions jeunes (on l’est encore mais on l’était un peu plus !) et voilà que l’on débarque à 3 copines, plongées dans l’effervescence de la gare routière bondée. Là, aucune indication, aucun panneau, rien de marqué sur les bus donc on ne trouvait pas celui qu’on devait prendre. Grand sourire aux lèvres et armée de son meilleur grec, Boria va donc demander le renseignement à l’un des chauffeurs présents devant son véhicule. C’est bien simple, il l’a littéralement ignorée et ce fut également le cas d’autres conducteurs à qui elle a tenté de s’adresser. A y repenser, ça paraît fou mais, de tous nos voyages, il n’y a qu’à Santorin que nous avons été confrontées à ce type de situation.

Bien évidemment, nous ne ferons pas de tout cela une généralité et nous avons également eu des échanges agréables avec des habitants de l’île. Cependant, ce sont des expériences qui se sont reproduites à chacun de nos deux passages à Santorin. Tout ça pour dire que si vous revenez de votre séjour avec de mauvaises expériences en tête, ne les généralisez surtout pas à l’ensemble de la Grèce, c’est vraiment spécifique à cette île, sans doute du fait de son statut de « star des Cyclades » (sa notoriété lui est peut-être un peu montée à la tête…).

Alors, finalement, est-ce qu’elle le mérite ce statut ? Oui, sans conteste ! Les villages de Santorin, Oia en tête, sont sublimes, exceptionnels et valent 100 fois les quelques désagréments vécus. Nous ne pourrions pas dire non plus qu’il s’agit de notre île préférée car elle n’a pas grand-chose à offrir en dehors des dédales de ruelles blanches plongeant dans la mer. C’est pour cela que l’on s’y rend, un point c’est tout. Il y a également le volcan, occupant un îlot dans la baie de Santorin mais, à ce jour, nous ne l’avons pas encore visité donc nous ne pourrons pas vous donner un avis.

Oia, la magnifique

Si vous avez en tête une image de Santorin, c’est tout simplement Oia que vous visualisez. Avec quelques vues, on se retrace tout un imaginaire, fait de maisons blanchies à la chaux, dévalant la falaise de roches volcaniques dans une certaine forme d’anarchie harmonieuse, ponctuée de toits colorés et de chapelles dominant la baie. C’est un spectacle extraordinaire que d’admirer cette vue et nous pouvons dire sans hésiter que ce village est un vrai joyau !

Bien sûr, cet avis est partagé dans le monde entier donc vous ne serez jamais seul à en profiter. En été, la foule emplit les quelques rues principales, dans lesquelles il faut avancer en file indienne. On ne vous parle même pas des spots photo ou des points de vue… Le clou du spectacle est sans doute le moment du coucher de soleil, lui aussi exceptionnel, sans doute l’un des plus beaux de Grèce mais attirant les badauds par milliers.

Cependant, comment le reprocher sachant que l’on s’y rend pour ça ? Nous avons, nous aussi, fait partie de ce flux impressionnant qui déferle sur l’île. Nous voulions, nous aussi, admirer le coucher de soleil. Alors, certes, ce n’est pas un lieu paisible (alors que le décor s’y prêterait parfaitement) mais, à moins de d’y aller hors saison (et encore, on ne doit pas non plus y être seul au monde), il n’y a pas d’autre choix que de faire abstraction de la foule pour aller admirer cette merveille !

Finikia, la discrète mais non moins superbe

A l’entrée d’Oia, en retrait de la route principale, le petit village de Finikia est un peu oublié du tourisme de masse et c’est tant mieux ! On y trouve pourtant la même architecture, arrondie, blanche avec quelques touches de couleur mais les habitations ne sont pas construites directement à flanc de falaise, ce qui lui retire la vue plongeante sur les eaux d’un bleu de profond qui entourent Santorin. Beaucoup d’hôtels y ont pris possession des lieux, sans dénaturer le paysage et offrant des tarifs plus abordables que ce que l’on retrouve à Oia.

Pour le côté pratique, 2 supérettes se trouvent dans le village, ainsi que notre restaurant coup de cœur de Santorin, le bien nommé « Meze Meze » paisible, au cadre charmant, aux tarifs corrects pour l’endroit et à la nourriture typique et savoureuse. Que demander de plus ? Peut-être de se trouver à courte distance de la perle des Cyclades ? Et bien, c’est le cas ! On rejoint Oia en 15 min de marche, ce qui est en fait donc une situation idéale pour cet adorable village dans lequel on a plaisir à déambuler pour rejoindre la charmante église Agios Petros, qui le domine de son toit rond et bleu.

Thira, le point névralgique de l’île aux atouts à découvrir

Pour finir cette virée dans les villages blancs de Santorin, c’est ensuite à Fira qu’il faut se rendre. « Capitale » de l’île, ses abords sont certes un peu plus quelconques qu’en allant vers la pointe Nord mais c’est sans compter sur son centre-ville, adorable, un peu plus étendu, un peu plus authentique aussi car l’on y retrouve des commerces du quotidien mais toujours vêtu de blanc et de bleu pour le plus grand plaisir de nos yeux émerveillés.

Ainsi, écartez vous de l’artère principale qui traverse Fira, excentrez vous pour aller admirer les églises, toutes plus belles et originales les unes que les autres (la célèbre église aux 3 cloches, l’église Saint Jean Baptiste, aux teintes orangées) puis revenez à votre rythme vers le centre avant, pourquoi pas, de descendre les immenses escaliers qui mènent à l’ancien port de Santorin.

Au premier abord, Fira n’offre pas autant que ses voisines mais en prenant le temps de la découvrir, elle a, elle aussi, un certain charme, à côté duquel il serait dommage de passer !

Le Sud de l’île et les plages

Après Fira, l’île n’a, selon nous, pas énormément de choses à offrir. Plate, aride, industrielle ou ouvrière, ses paysages ne sont pas à l’image de ce que l’on peut trouver dans les Cyclades. Si vous souhaitez la parcourir, le village d’Emporio, au centre, mérite le détour pour ses ruelles blanches, ses églises et son calme mais, au-delà de ça, nous n’aurions pas de lieux à vous conseiller.

Pour ce qui est des plages, de la même façon, elles ne nous ont pas laissé un souvenir magique, loin de là. Il s’agit de plages volcaniques, donc au sable noir (gris, pour être plus honnêtes), ce qui peut évidemment avoir beaucoup de cachet mais nous n’y avons pas été sensibles à Santorin. Très étroites pour la plupart, les plus larges sont quant à elles aménagées avec transats et parasols, ce qui ne leur laisse que peu d’espace de liberté. Situées essentiellement sur la côte Ouest, au relief plus doux, elles attirent quelques petites stations balnéaires sans grand intérêt. Et puis, il y a aussi la fameuse « Red Beach » (Kokkini Paralia), totalement survendue, qui ne vaut le coup d’œil que si l’on est véhiculé et que l’on décide de faire le tour de l’île.
Pour la petite histoire, nous avions fait l’aller-retour en bus lors de notre première visite. Le bus nous a déposées, nous avons parcouru les quelques mètres qui permettaient de surplomber la plage mais sachant que le prochain retour était 3h plus tard, nous avons vite repris un ticket pour rentrer dans nos pénates, ça ne valait absolument pas le coup de rester 3h sur ce petit bout de terre aux tons rougeâtres…

Alors, le verdict ?!

En définitive, oui, il faut aller à Santorin ! Oia est un bijou, Finikia est splendide et Fira vraiment charmante ! Cependant, nous vous conseillons de ne pas y rester plus de 2 nuits, de vous trouver un hébergement un peu à l’écart de l’agitation touristique et d’être véhiculés (quad ou scooter) pour plus de liberté. Ce n’est pas une île que l’on choisit pour ses plages ou pour un long séjour farniente. Pour les amateurs, vous pouvez prévoir une escapade sur le volcan qui lui fait face mais, au-delà de ça, il n’y a pas plus à en attendre que la beauté extraordinaire de ses villages et de son célèbre coucher de soleil. Le côté pratique, c’est qu’un aéroport se situe sur l’île, ce qui peut vous permettre d’atterrir directement dans les Cyclades, de voir Santorin et de partir en direction d’autres aventures en ferry. Bien évidemment, tout dépend aussi du mode de voyage que l’on peut ou que l’on veut dédier à ce périple. En effet, nous ne nierons pas que notre second séjour à Santorin était quand même plutôt sympathique donc si vous recherchez simplement un village sublime et que vous vous installez dans un magnifique hôtel authentique avec piscine, vous risquez de passer un très bon moment !
Finalement, nous dirions que Santorin est comme un monde à part dans ce vaste et magnifique pays qu’est la Grèce. Vous n’y retrouverez pas l’atmosphère et l’ambiance des villages typiques, qu’ils soient dans les Cyclades ou ailleurs, vous n’y dégusterez pas nécessairement des plats traditionnels (ou alors dans un restaurant guindé et à des prix exorbitants) mais il s’agit néanmoins d’un passage obligé à qui veut découvrir le pays et s’émerveiller devant un paysage unique au monde ! Pour finir, le coucher de soleil à Oia est un incontournable et fait partie des plus beaux que nous ayons eu la chance de voir jusqu’à présent !

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