Horseshoe Bend Arizona
A

u cours d’un road trip d’un mois entre l’Ouest américain et la Californie (que vous pouvez suivre ici si l’envie vous en dit !), nous avons consacré 8 nuits aux grands parcs. Bien évidemment, de par leur immensité, nous n’avons pas pu en explorer les moindres recoins et avons été obligées de sacrifier certains d’entre eux. Malgré tout, nous avons pu profiter de ces découvertes, de cette débauche de couleurs, de cette nature invraisemblable et nous en gardons des souvenirs extraordinaires !

St George : un bon point de chute dans l’Utah

Après notre aventure à Las Vegas, nous avions décidé de passer 3 nuits à St George, dans le sud de l’Utah, à un peu moins de 200 km au nord de la cité du jeu. Au premier abord, St George est une ville américaine comme tant d’autres : de grandes avenues à la circulation dense, le long desquelles s’étalent des dizaines de chaînes de fast-food, d’hôtels et de supermarchés. Pas grand chose à y voir mais nous l’avions choisie pour être un point stratégique de notre road trip. En effet, l’entrée du parc national de Zion est à environ 65 km (55 minutes) et celle de Bryce Canyon se trouve à 225 km (2h20). Enfin, notre étape suivante, à savoir Page (Arizona), n’était qu’à 250 km (2h40) de là.

Bien sûr, vous avez la possibilité de vous loger beaucoup plus près, voire au cœur des parcs nationaux mais les prix ne sont pas les mêmes donc nous avons préféré faire un peu de route et maîtriser notre budget. Bon et puis, il faut reconnaître que nous étions très bien dans notre petit hôtel, un Best Western en plus ! Oui, quand on fait un road trip aux USA, Best Western c’est un peu le summum du luxe, à tel point que c’est devenu l’un de nos running gags ! Là, nous avions une table et deux chaises devant la porte de notre chambre (sur le parking, certes, mais ça fait partie du charme local), une piscine très propre et très peu fréquentée (sur le parking aussi mais, on vous l’a dit, c’est ça les States !), une grande chambre propre et un bon petit déjeuner tous les matins. Que demander de plus ?!

Et alors, glaçage sur le cupcake (on vient de l’inventer celle-là, c’est la « cerise sur le gâteau » version américaine), on a découvert que St George avait un petit centre ville tout mignon. Vous le trouverez aux alentours de Main Street et Tabernacle Street (salut aux cousins québécois !). A vrai dire, nous l’avons trouvé le dernier jour, avant de repartir, donc nous n’avons pas eu le temps de profiter des quelques bars et restos mais il y avait l’air d’y avoir des endroits plutôt chouettes ! De ce côté là, nous n’avons d’ailleurs pas été très productives puisque nous avons seulement testé une chaîne de burgers, The Habit Burger Grill, un soir de pluie où nous étions fatiguées et un peu malades. Le repas ne nous a pas laissé un souvenir impérissable mais nous y avons appris que les jalapeños ne sont pas de la rigolade ! On peut vous dire que le petit pot qu’on s’était rempli de piments est resté quasi intact…

Zion National Park : un grand classique et une randonnée inoubliable

Parties assez tôt, nous arrivons à l’entrée de Zion en début de matinée. La ville de Springdale, qui se trouve aux portes du parc, est entièrement dédiée à celui-ci et est organisée autour des arrêts de navettes qui font le trajet entre les deux. Les principaux points d’intérêt se situent le long de la Scenic Drive, qui borde la Virgin River. Il faut savoir qu’en saison haute, celle-ci est fermée à la circulation des véhicules personnels. Mais alors, comment ça se passe ? Et bien, après avoir franchi les petites guérites à l’entrée du parc, on dépose sa voiture dans l’immense parking situé au niveau du Visitor Center. Au passage, si vous comptez visiter plusieurs parcs nationaux, munissez-vous du pass America the beautiful ; pour 80$ par véhicule, l’entrée est gratuite et illimitée pendant un an dans l’ensemble du réseau national.
Ensuite, un service gratuit de bus fait la navette toute la journée, en s’arrêtant aux différents points de vue. Au départ, même si nous approuvions le principe, mis en place pour préserver le parc, nous avions un peu peur de ne pas être libres de nos mouvements, de devoir faire la queue pendant des heures et d’être entassées dans les cars. A l’usage, il faut reconnaître que les américains sont bien organisés donc le roulement est plutôt fluide et nous n’avons jamais attendu plus de 15 minutes pour monter dans une navette, en ayant toujours une place assise.

Alors, évidemment, il y a ceux pour qui Zion rime avec Angels Landing, un trail de 8 km avec un dénivelé de plus de 450 m. C’est sûr que la vue depuis le sommet et la randonnée en elle-même ont l’air extraordinaires mais ce n’est pas un parcours que l’on peut faire à la légère, sans préparation et sans expérience. Beaucoup s’y risquent et font demi tour. Pour nous, conscientes de nos capacités, l’objectif n’était donc pas ce parcours-là mais plutôt une vue générale du parc et une randonnée « fun, tranquille et originale », The Narrows.

Ainsi, nous avons choisi de commencer par ce parcours, que l’on rejoint à partir du dernier arrêt de la navette, tout au bout de la route : Temple of Sinawava. Après, la rivière poursuit sa route entre d’immenses gorges ocre et la randonnée suit la lit de la Virgin River. Au début, on suit le Riverside Walk, une petite promenade aménagée avec des pontons de bois et un chemin très accessible. Une fois arrivés au bout de celui-ci, les choses sérieuses commencent : The Narrows. Et là, il ne va pas falloir avoir peur de se jeter à l’eau ! La particularité de cette randonnée est que de nombreux passages se font littéralement dans le lit de la rivière, c’est-à-dire les pieds dans l’eau. Et encore, c’est une expression car nous nous sommes retrouvées à avoir les cuisses dans l’eau !

La première chose à faire avant d’opter pour cette rando est donc de s’équiper un minimum. Un impératif : des baskets qui peuvent prendre l’eau. Evidemment, vous ne pourrez pas tenir 10 mètres en étant pieds nus (au fond, ce sont des pierres donc ça glisse et ça fait mal aux pieds) et vous ne pourrez rien parcourir du tout si vos chaussures craignent l’eau. Avant de partir, nous avions opté pour une paire de baskets à 10€, trouvées chez Decathlon, franchement très confortables. L’idée étant de les utiliser principalement à cet effet, on se fichait pas mal de savoir si elles tiendraient la route après cette randonnée aquatique ou si elles rendraient l’âme. Donc, on résume : des baskets sans importance mais confortables et légères (pour sécher plus rapidement), portées sans chaussettes (sinon on ne peut jamais faire sécher ses pieds) et, bien sûr, un short qui ne craint pas l’eau non plus.

Très honnêtement, si vous comptez, comme nous, vous éclater pendant quelques heures dans ce décor de rêve, pas besoin d’un équipement plus sophistiqué. Bien sûr, si vous comptez réaliser l’intégralité de la randonnée (presque 26 km), qui remonte jusqu’au Chamberlain’s Ranch et qui se fait généralement en 2 jours, il vous faudra sans doute des chaussures et des vêtements un peu plus techniques.

De notre côté, nous avons suivi le chemin pendant un peu plus d’une heure, alternant entre la rive et la rivière au gré des possibilités. Nous pouvions continuer encore longtemps mais il fallait penser au retour et aux autres choses à voir. C’est donc la raison qui nous a fait rebrousser chemin au bout d’un moment. Cette randonnée fait partie de nos meilleurs souvenirs du voyage ! A la fois magnifique, amusante et originale, elle nous a donné envie de faire d’autres « randonnées les pieds dans l’eau » !

Pour revenir vers la voiture, nous avons repris la navette en sens inverse mais nous sommes descendues à l’arrêt The Grotto pour marcher un peu et voir le paysage autrement qu’à travers les vitres du bus. Nous l’avons récupéré à l’arrêt suivant, Zion Lodge, puis sommes retournées au parking.

Zion est un parc grandiose. Les falaises sont immenses et l’impression est renforcée par le fait que l’on passe très près d’elles. Les couleurs des roches sont magnifiques. Etant donné qu’une rivière serpente dans tout le parc, la végétation n’est pas du tout aride et offre de superbes dégradés de verts, qui tranchent avec la couleur minérale, allant du blanc au rouge, en fonction des couches de roches. Les balades y sont particulièrement agréables puisque l’endroit est frais et ombragé. Bref, c’est un concentré de nature dans lequel on pourrait se plonger des heures entières !

Avant de rentrer à St George, nous tenions absolument, afin d’avoir un aperçu encore plus complet du parc, à emprunter la Zion – Mount Carmel Highway, ou route 9. Elle passe en bordure du parc et permet de rejoindre son entrée est. Elle n’a d’highway que le nom puisqu’il s’agit avant tout d’une route de montagne, qui grimpe en zigzagant jusqu’à un tunnel, débouchant ensuite sur une portion moins vertigineuse, de laquelle on peut admirer tranquillement le paysage.

Une fois encore, cette route est absolument sublime et mérite largement le détour ! Elle donne un autre point de vue sur Zion puisque l’on n’est plus dans les gorges mais que l’on voit les falaises de plus loin, entourées de verdure. Là encore, c’est un mélange de verts, de rouges et d’ocres. Il n’y a pas beaucoup de passage sur la route et plusieurs endroits pour se stationner et profiter du paysage. Une seule chose à dire : suivez-là, au moins jusqu’à mi-chemin, et appréciez !

Bryce Canyon et ses « cheminées de fées »

Il n’existe qu’une entrée pour approcher ce fabuleux parcs, connu pour abriter la plus grande concentration au monde de hoodoos ou « cheminées de fées ». Ces formations rocheuses, ressemblant à de longues et fines cheminées ocre rouge, s’étalent à perte de vue au milieu de forêts de pins d’un vert intense. On accède donc à ce spectacle par la route 63, après avoir parcouru quelques miles dans la forêt.

Notre premier arrêt (et notre première confrontation avec le paysage) se situait juste avant l’entrée du parc, où un petit embranchement sur la gauche permet d’accéder à Fairyland Point (le « royaume des fées », ça en jette, non ?!). Au départ, on ne voit rien. Seules la forêt et la route qui débouche sur un parking entouré d’un plateau de pierres jaune-orangées. On prend nos affaires puis on avance en suivant des panneaux en bois indiquant ce qui semble être le point d’intérêt. Il n’y a quasiment personne ; quelques promeneurs, au loin, observent en silence. On avance, encore, et là… C’est tout simplement magique ! On a une vue imprenable sur un immense ensemble de hoodoos, situés en contrebas, dans le canyon, et qui pointent tous fièrement vers le ciel sur des centaines de mètres. On ne saurait décrire le sentiment que l’on a eu en voyant ça… C’est beau, c’est impressionnant, c’est saisissant. Et le calme qui règne renforce encore tout cela et donne l’impression d’être totalement immergé dans cette nature hallucinante.

Pour l’aspect pratique, un long sentier permet de faire le tour du canyon et un second, de descendre au milieu des roches rouges. Nous avons emprunté un bout du premier, dans un silence quasi complet, regardant partout autour de nous tellement nous ne voulions rien perdre de cette vue. Autant vous dire aussi que les appareils photo ont tourné à plein régime ! Après ce premier aperçu complètement dingue, nous avons repris la voiture pour entrer, cette fois-ci, dans le parc.

La route qui traverse Bryce Canyon, longue d’environ 18 miles, est semée de points de vue, tous plus impressionnants les uns que les autres et tous offrant un nouveau visage du canyon. Il est tantôt plus vert, tantôt plus minéral mais toujours aussi sublime. Les points les plus connus (Sunset, Inspiration et Bryce) se trouvent juste après l’entrée du parc. Ils sont aussi les plus fréquentés donc il faut parfois attendre qu’une place se libère sur les petits parkings ou, de temps en temps, se frayer un chemin entre les perches à selfies pour admirer la vue.

Malgré cela, évidemment, il faut s’y arrêter, il faut s’y promener, il faut observer et profiter car c’est magnifique ! De là partent également plusieurs sentiers de randonnée, de difficulté et de durée variées, permettant de descendre au milieu des hoodoos et de les appréhender d’une autre manière. Malheureusement, on ne peut pas toujours avoir de la chance et ce jour-là était un jour de tempête… Alors qu’après avoir longuement parcouru les trois points de vue par le sentier du haut, nous réfléchissions à quel chemin nous allions prendre pour descendre. C’est à ce moment-là qu’une alerte des rangers nous a interrompues : « un violent orage arrive, il est formellement déconseillé de descendre dans le canyon » !

C’est vrai que le ciel commençait à se couvrir un peu mais quand même, il faisait beau quelques minutes avant alors, vraiment, une tempête ?! Quoi qu’il en soit, il faut toujours écouter les rangers donc on ne discute pas et on regagne doucement la voiture. On se dit que ça va passer et qu’on fera la randonnée un peu plus tard. En attendant, on se dirige vers le point d’arrêt suivant. Quelques miles plus loin, le tonnerre se met à gronder et les nuages deviennent noirs… Ils avaient peut-être raison, finalement !

La randonnée dans le canyon, ce ne sera donc pas pour cette fois… A défaut, nous avons décidé d’aller au bout de la route, qui offre un paysage de forêt sur une route un peu sinueuse parfois, jusqu’au Rainbow Point. Sur le retour, nous nous sommes arrêtées à tous les points de vue afin dun café à la terrasse du Dairy Queen (DQ)’explorer les différents aspects du canyon. Tout cela s’est fait sous un ciel extrêmement menaçant, avec des coups de tonnerre et des éclairs de temps à autre mais en échappant à la pluie. Sur les derniers miles avant la sortie, peu avant de repasser vers Sunset Point et le départ du sentier tant regretté, une averse monumentale s’est mise à tomber. On n’y voyait pas à 10 mètres…

Avec une légère déception mais sans regret au vu du temps, c’est donc sous une pluie battante que nous avons quitté ce parc grandiose pour parcourir les 2h30 de route qui nous permettraient de regagner notre hôtel à St George.

« On the road », again, again…
Brefs aperçus de la route entre St George et Page

La petite ville de Page et ses environs grandioses

C’est essentiellement pour sa situation que l’on vient à Page. La ville en elle-même n’a rien d’attrayant : deux grandes routes bordées d’hôtels et de quelques restaurants, des maisons, une école et, à la sortie, une zone commerciale (dont un Walmart !). Une petite ville classique des Etats-Unis mais sans charme particulier. Sans charme, si ce n’est son emplacement : à quelques minutes des rives du Lake Powell, d’Horseshoe Bend et du très connu Antelope Canyon mais surtout, à 2h15 de Monument Valley. Nous y avons passé deux nuits et, pour être très honnêtes, nous avons adoré et nous nous y sentions super bien ! Quelques fois, même si la ville n’est pas particulièrement belle, il suffit d’un petit motel sympa (avec piscine !) et de journées exceptionnelles pour être bien. De plus, dans ce coin-là, Page est la « vraie ville » (avec commerces, hôtels, etc.) la plus proche de Monument Valley donc elle est idéale.

En quittant St George le matin, nous avions enfilé nos maillots de bain en prévision d’une petite baignade au lac Powell. Le long de l’US 89, environ 10 km avant le barrage de Glen Canyon (à l’origine de la création du lac), un tout petit panneau marron indique « Lone Rock », sur la gauche. On arrive alors à la plage de Lone Rock Beach, une plage de sable sur les rives du lac. La première chose qui nous frappe en arrivant, ce sont les dizaines de campings cars et de voitures garés littéralement sur la plage. Le camping y est permis et les gens s’installent les pieds dans l’eau (voire quasiment les roues dans l’eau), avec tout un attirail impressionnant. Il y a une sacrée organisation, tout est prévu : auvents, tables, frigos, musique… On a même vu un toboggan improvisé pour se jeter à l’eau ! Evidemment, ce n’est pas comme ça que nous concevons une plage mais ça fait partie du décor et on se fraye un chemin parmi ces habitations temporaires pour aller poser nos serviettes et profiter de l’eau d’un bleu très clair.

Face à nous se dressaient les parois ocre et rouges du canyon ainsi que l’énorme rocher posé au milieu de l’eau, duquel la plage tire son nom. L’eau est particulièrement claire et super bonne (et en plus, il n’y a presque personne dedans). Cette petite pause fraîcheur était absolument géniale !

Pas loin de là, il y a la petite marina de Wahweap, depuis laquelle on accède à d’autres plages (nous y avons pique-niqué un soir), où l’on trouve une épicerie (pratique en dépannage si l’on est sur place) et d’où il est possible de louer des embarcations, dont des canoës. Le lac est immense, il fait près de 300 km de long et est constitué de plein de méandres dans un décor de rêve. Nous n’avions pas le temps de programmer une balade en kayak mais, selon nous, c’est vraiment quelque chose à faire !

Juste après Wahweap, on arrive au Glen Canyon Dam, qui marque le début du lac. Comme pour beaucoup de barrages, il y a un Visitor Center et l’on peut s’y promener à pied pour voir l’ouvrage. De notre côté, nous avons plutôt opté pour une vue sur une partie de l’étendue du lac, du côté de Potato Hill Overlook. L’endroit est magnifique et cet aperçu renforce encore plus l’envie de parcourir les eaux bleues du Lake Powell.

De l’autre côté, toujours le long de l’US 89 mais à la sortie de Page, on peut accéder au parking pour avoir accès au fameux « fer à cheval » (Horseshoe Bend), créé par la force du Colorado. Un conseil : allez-y le matin pour pouvoir profiter des couleurs et de la beauté du lieu, sans quoi vous aurez le soleil en face de vous. Nous y sommes allées deux fois, la première en fin de journée, après notre baignade et la seconde, le jour de notre départ, pour faire quelques jolies photos sans être à contre jour. Et bien, on peut vous dire que ce n’était pas de tout repos ! Bien sûr, on est en Arizona donc le soleil tape bien comme il faut et il n’y a pas un brin d’ombre. En plus de ça, la montée, à l’aller comme au retour (une fois dans un sens, une fois dans l’autre), est coriace ! Des panneaux à l’entrée du chemin annoncent la couleur : « Warning ! Extreme heat. Minimum 1 bottle water per person. No sandals. Wear hat.« . On vous fait tout de suite le topo. Nous revenions de la plage donc nous étions en tongs (un mauvais point !), nous avions sur nous une bouteille d’eau pour deux (un deuxième mauvais point !) et nous n’avions pas de chapeau (vraiment, elles n’écoutent rien ces deux-là !). Et bien, on vous assure qu’on l’a regretté et que, pour notre seconde visite, nous nous étions équipées ! Le chemin jusqu’au bord de la falaise n’est pas long (un peu plus d’un kilomètre) mais les recommandations ne sont pas là pour rien car il est crevant.

Alors, par contre, épuisant ou pas, ça vaut vraiment le détour ! Encore une fois, le décor à l’arrivée est juste dingue : une immense plaine de terre et de roches rouges, ponctuées de quelques touffes de végétation aride, sous un soleil de plomb et avec un ciel d’un bleu intense. Et une fois au bord, on a une vue impressionnante sur cette courbe du Colorado, aux eaux presque vertes, qui serpente entre les falaises rouges et au milieu duquel se dressent cet immense rocher. C’est magnifique !

Pour la petite histoire, nous y étions au cours de l’été 2018. Ca ne vous dit rien, juillet 2018 ?! Le 15 juillet 2018, non ?! Champions du monde !!! Et oui, nous avons vécu la finale de la Coupe du Monde au Page Boy Motel, à moitié dans la salle du petit déj’ avec une famille de français et l’autre moitié depuis notre smartphone, sur notre terrasse. Le lendemain, à Horseshoe Bend, on peut vous dire qu’on les reconnaissait les français, avec leurs drapeaux et leur maquillage tricolore ! Même à l’autre bout du monde, tout le monde avait l’air d’avoir suivi cette finale et se lançait des « champions du monde » ou des « on a gagné » en plein milieu d’un décor de far-west.

Pour finir sur Page, ce qu’il y a sans doute de plus connu aux alentours est Antelope Canyon. C’est vrai que, quand on voit des photos, ça fait rêver. Autant vous le dire tout de suite, on ne l’a pas visité donc on n’aura pas d’avis. Cependant, on vous explique brièvement les raisons qui nous ont poussées à faire l’impasse sur ce site mondialement célèbre.
En parcourant différents forums et guides pour savoir comment organiser au mieux notre visite, nous avons tout d’abord compris que celle-ci était ultra-touristique, dans le mauvais sens du terme : plein d’organisateurs se battent pour proposer des tours du canyon, des petits groupes y sont emmenés à la chaîne pour un tour d’une durée prédéfinie. Déjà, ça ne nous emballait pas… Mais nous étions quand même prêtes à le faire car, vraiment, ça a l’air superbe. Comme tout semble être une question de lumière, on se renseigne sur l’heure idéale à laquelle programmer la visite.
Et là : malheur ! On trouve plein de récits expliquant que, oui, c’est beau (particulièrement à l’heure où le soleil entre dans le puits de lumière) mais que tout tourne autour de LA photo que vous pourrez prendre du canyon. C’est-à-dire que, concrètement, les guides vous règlent vos appareils photos pour que vous puissiez prendre une belle photo, chacun votre tour. Certaines agences proposent même des visites uniquement centrées sur la photo, avec réglages parfaits garantis et ainsi de suite.

Alors, en lisant tout ça, nous avons décidé de ne pas aller à Antelope Canyon, qui semble trop « attrape touristes », trop guidé, trop moutonnier… Peut-être que c’était une erreur et que, malgré tout ça, l’endroit vaut tellement le détour que l’on oublie vite les conditions. Tant pis ! Si on y retourne un de ces quatre, on changera peut-être d’avis et on testera quand même mais, pour ce voyage, nous avons fait le choix de ne pas y aller.

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Monument Valley, ou le western à l’état brut

Si Bryce Canyon nous a émerveillées, que dire de Monument Valley ?! C’est encore un autre souvenir extraordinaire ! Il faut dire que, dans l’ouest américain, on n’a pas assez de quatre mains pour les compter tant tout est époustouflant. Monument Valley fait partie de ces images folles que l’on garde en tête pour toute une vie…

Mais reprenons au début. Nous sommes donc à Page et nous décidons de partir tôt afin d’avoir le temps de profiter pleinement de ce site exceptionnel. Comme nous n’avions pas réservé de chambre sur place, nous avons laissé de côté l’idée d’une balade à cheval au lever ou au coucher de soleil. Pour nous rendre à l’entrée du parc, qui ne fait pas partie du réseau des parcs nationaux (on ne peut donc pas utiliser le Pass America the beautiful et l’entrée coûte 20$/véhicule), nous avions 205 km à parcourir, soit environ 2h15 de trajet. La route depuis Page traverse des plaines désertes, quelques semblant de villes, à moitié bidonvilles pour certaines (toute cette région est composée de plusieurs réserves indiennes, malheureusement délaissées et peu entretenues). D’ailleurs, pour un petit point « culture », il se trouve que certaines « villes » n’en sont pas officiellement. C’est ce que l’on appelle des census-designated places (CDP), c’est-à-dire des lieux délimités lors du recensement comme étant des zones plus urbanisées que ce qui les entoure. En voiture, on ne croise presque personne, les paysages défilent, le trajet est agréable et plus on s’approche du site, plus on entre dans l’ambiance.

A partir du moment où l’on quitte l’US-160 pour rejoindre l’US-163, juste après avoir passé Kayenta (une de ces CDP), la terre se fait de plus en plus rouge, des silhouettes de buttes et de mesas se dessinent à l’horizon et l’adrénaline commence à monter. La vingtaine de minutes à parcourir le long de la route 163 est riche en promesses. Sur le bas côté, peu avant l’entrée du parc, des stands de fortune abritent de l’artisanat local ; on s’y arrête pour une petite pause et on en profite pour acheter plusieurs attrape-rêves, qui feront de jolis souvenirs à rapporter à notre retour. En arrivant, on repère aisément l’endroit où tourner pour accéder à Monument Valley : quelques bâtiments et des panneaux sont massés avant le croisement. On est alors à la frontière entre l’Arizona et l’Utah, en territoire Navajo.

Une fois l’entrée du parc passée, la route mène directement à un immense parking. On s’y arrête afin de repérer le début de la piste qui mène au pied des roches mais également parce qu’il semblerait que la vue depuis cette esplanade soit extraordinaire. Tout le monde se dirige vers une esplanade qui surplombe la vallée ; on en fait de même. Et là, quelle spectacle ! Face à nous, les 3 célèbres buttes (West Mitten, East Mitten et Merrick Butte) de Monument Valley se dressent fièrement, entre la terre aride et le ciel d’un bleu imperturbable. C’est grandiose, c’est extraordinaire, on prend des photos à tout va, on est presque bouche bée tant c’est impressionnant d’être là. Ce point de vue, depuis le Visitor’s Center, est bien évidemment un incontournable de la visite !

Après en avoir pris plein les yeux, vous allez pouvoir continuer à vous émerveiller en vous approchant au plus près de ces monuments naturels exceptionnels. Pour ça, il va vous falloir emprunter Valley Drive, la piste qui serpente à travers le parc. Une petite mise en garde s’impose ici. Comme son nom l’indique, c’est une piste donc elle est en terre ; aucun problème en soi mais il faut se méfier des premiers mètres à parcourir. Le tout début de la route est en descente (et en montée lorsque l’on revient) et, en fonction des conditions climatiques et de votre véhicule, il peut parfois être impraticable. Le mieux, si vous avez un doute quant à savoir si votre voiture est basse ou non est d’observer quelques instants les montées et descentes pour être sûrs de ne pas rester au milieu de la (pourtant petite) montée ! En général, il n’y a pas de problème mais s’il a plu à torrent quelques heures plus tôt, ça peut être compliqué…

Bref, revenons à Valley Drive. Pour ce qui nous concerne, il s’agit d’un des plus beaux moments vécus au cours de ce voyage. Que vous soyez fans de westerns ou non, vous vous imaginerez à un moment ou un autre en lonesome cowboy, arpentant d’une allure nonchalante ces terres rouges et à l’aspect quasi onirique. Longue de 17 miles (environ 27 km), cette route panoramique forme en boucle afin de vous faire profiter des plus beaux points de vue du parc. Malgré la période plutôt touristique, il n’y avait pas un monde fou le long de la route, ce qui nous a permis de profiter pleinement du paysage et de nous arrêter où bon nous semblait pour de courtes marches. Comme dit le dicton, « une image vaut mille mots », c’est pourquoi nous n’allons pas nous acharner à vous dépeindre les couleurs, les formes, les ambiances ou encore les ressentis vu et vécus durant cette visite. Monument Valley se vit, s’observe, se découvre. C’est un moment privilégié dans un décor de rêve, que l’on ne peut que vous recommander !

Flagstaff et son historic downtown le long de la route 66

En partant de Page en début d’après-midi, il nous a fallu 2h10 pour rejoindre Flagstaff par l’US-89. Ce trajet fut un petit voyage en soi car la route traverse des paysages désertiques, lunaires à certains endroits et l’on peut rouler plusieurs dizaines de kilomètres sans croiser âme qui vive. Un arrêt à Cameron, juste après l’ancien pont en métal qui permettait à l’époque de traverser le Colorado, et nous avons poursuivi notre chemin pour atterrir en plein cœur de la ville, à la fois historique et universitaire.

Flagstaff se situe sur le tracé de la route 66, passant au beau milieu du downtown, le long de la voie de chemin de fer. Le centre ville historique se concentre autour de quelques rues mêlant à la fois bâtiments historiques, boutiques, terrasses de cafés (on y a bu notre premier expresso du voyage, un vrai moment d’émotion !), street art et enseignes rappelant tour à tour la mythique route 66 et l’histoire liée au développement de cette région. C’est une belle ville très agréable, où il fait bon flâner quelques temps et profiter aussi bien du décor que de quelques plaisirs citadins.

De plus, sa situation géographique lui offre un environnement riche, entre forêts, montagnes et déserts. Tout cela en fait incontestablement un bon point de chute pour qui veut sillonner les environs. De notre côté, nous avions choisi de n’y passer qu’une nuit, souhaitant aussi profiter de la nature un peu plus au sud. Surtout, si vous vous y arrêtez, ne manquez pas The Horsemen Lodge Steakhouse, un restaurant dans un décor de rêve au nord de la ville ! Avec tout ça, Flagstaff nous a charmées, aussi bien par son architecture que son ambiance ; nous y avons passé quelques heures on ne peut plus sympathiques et mangé dans un excellent steakhouse. Que demander de plus ?!

Le mythique Grand Canyon

Nous y voilà ! Le fameux, le tant attendu Grand Canyon… Enfin, avant d’y parvenir, il y a un tout petit de route bien sûr (1h30 environ). Nous venions donc de Flagstaff et nous avions choisi d’arriver directement au point central, à savoir Grand Canyon Village. Pour cela, nous avons décidé d’emprunter Fort Valley Road puis de rejoindre l’AZ-64 au niveau de Valle. À cet endroit, justement, faites un arrêt au Valle Travel Shop, une station essence reconvertie en mini-musée à ciel ouvert et magasin de souvenirs et d’artisanat local. À l’extérieur, une dizaine de vieilles voitures entièrement rénovées sont exposées et mise en scène autour d’une ancienne station service. Quant à l’intérieur, le magasin est suffisamment grand et diversifié pour que vous repartiez obligatoirement avec quelques emplettes. Cette petite pause étant faite, on reprend la route, qui traverse notamment la Kaibab National Forest, bordant la rive sud du Grand Canyon. Mise à part une cohorte de Harley, nous avons croisé très peu de monde en chemin, ce qui permet d’apprécier pleinement le paysage. Seulement, avant d’arriver à l’entrée du parc, voilà qu’une petite faim commençait à se faire sentir. Et alors, à votre avis, que fait-on dans ces cas-là lorsque l’on roule au milieu de la forêt sur l’AZ-64 ? Et bien, on s’arrête tout simplement sur le bas côté (de façon sécurisée, bien sûr !), on sort de notre glacière le doggy bag de la veille et on déguste nos ribs, posées sur le capot de la voiture. On vous garantit que ce petit repas improvisé est un excellent souvenir !

Après ces deux arrêts imprévus, nous voilà enfin arrivées à l’entrée du parc. On se dirige vers le parking le plus proche, situé non loin du Visitor Center, où l’on va d’ailleurs récupérer une carte et quelques renseignements. De là, nous nous dirigeons vers le point de vue le plus proche, Mather Point, où nous faisons connaissance avec ce canyon, long de près de 450 km, creusé par le fleuve Colorado.
Une fois arrivés au bord du canyon, l’idéal est d’emprunter le Rim Trail, un tracé longeant la rive sud et offrant de très nombreux points de vue. C’est à peu près ce que tout le monde fait lors d’une première visite et pour cause, cela permet d’accéder aux points d’observation les plus connus du Grand Canyon. D’un côté, vous aurez l’immensité de la roche aux tons rougeoyants et de l’autre, une forêt assez peu dense où, en regardant bien, on peut apercevoir biches et cerfs se balader tranquillement.
Pour ce qui est de l’aspect pratique, chaque point d’observation est desservi par les navettes gratuites du parc, qui passent à proximité du Rim Trail, sur la route dédiée. Vous pourrez donc marcher autant que vous le souhaitez sans vous soucier du retour au parking, qui peut se faire en navette. Pour ce qui nous concerne, nous avons parcouru les 3,5 km qui séparent Mather Point du Verkamp Visitor Center (qui se trouve au niveau du « village », là où sont situés les principaux lodges du parc et la gare de Grand Canyon, à voir), en passant notamment par le Trail of Time, qui retrace l’histoire géologique du canyon. De là, deux options s’offraient à nous : poursuivre notre chemin pour accéder à quelques points de vue célèbres un peu plus à l’ouest (ce qui impliquait, pour le retour, de prendre 2 navettes) ou retourner à la voiture par la navette bleue et découvrir une autre partie du parc. Nous avons choisi la 2nde option.
Retour, donc, au Lot 4, où nous étions garées pour emprunter la portion Est de l’AZ-64, aussi appelée Desert View Drive. Le but était alors d’aller au point le plus à l’Est du parc, Desert View Point, à 25 miles de là. La route traverse la forêt située en bordure du canyon et plusieurs points de vue sont accessibles tout du long.

Desert View Point, quant à lui, se décompose en deux zones : une première, au niveau du parking, avec une boutique et un service de petite restauration (vous y trouverez de superbes attrape-rêves de fabrication artisanale !), et une seconde, de laquelle vous pourrez admirer une autre partie du canyon, surplombée par une ancienne tour en pierres rouges. L’endroit offre un panorama différent, avec une vue dégagée sur l’étendue du Colorado et les parois rocheuses qui l’enserrent. Lorsque nous y étions, un vent de tous les diables s’est mis à souffler et l’on pouvait observer au loin plusieurs rideaux de pluie s’abattant sur le Grand Canyon, ce qui a conféré aux lieux une atmosphère étrange mais pas déplaisante.

Après nous être imprégnées de cette ambiance et de ce décor, voyant l’heure du coucher de soleil approcher à grands pas, nous avons vite repris la voiture pour retourner à Mather Point, d’où l’on nous avait conseillé de l’observer. Tel Speedy Gonzales, Laure a pris les choses (et surtout la voiture) en main et, malgré des travaux sur la route, entraînant une circulation alternée donc d’importants ralentissements (mais qui nous ont permis de croiser deux magnifiques cerfs !), a pu nous mener pile à temps pour voir les teintes rouges du soleil déposer ses dernières couleurs sur l’immensité du canyon. Ce fut donc une journée bien remplie, que nous avons terminée de nuit, en parcourant les 220 km qui nous séparaient de notre hôtel aux abords de Sedona.

Bon, d’accord, tout cela étant dit, nous sommes maintenant à peu près certaines que vous vous demandez ce que nous en avons pensé et peut-être même pourquoi aucune impression n’a pour le moment étant retranscrite. Et bien, comme le veut le célèbre statut, disons que… »c’est compliqué »… D’un côté, nous ne voulons rien vous cacher et être totalement transparentes mais, de l’autre, nous ne souhaitons pas non plus passer pour des aliens ou nous faire attaquer de toutes parts.
Alors, que dire ? Oui, c’est beau. Oui, l’immensité du canyon est, par endroits, impressionnante. Oui, bien sûr que, de toute façon, c’est un incontournable. Mais…
Avant de tenter de vous exprimer ce « mais », nous allons d’abord vous l’illustrer afin que vous compreniez ce que l’on a ressenti. Nous sommes arrivées, avons commencé à arpenter le Rim Trail, fait plusieurs arrêts puis, après environ une heure, nous nous sommes installées sur un promontoire un peu isolé, avec une vue très dégagée de l’ouest du canyon. Nous avons observé, pris des photos, discuté ; bref, nous y avons fait une pause d’un bon quart d’heure. Jusque là, nous n’avions pas encore échangé nos impressions, ce qui, pour tout dire, n’arrive jamais. En temps normal, nous sommes de vraies piplettes et, dès le premier regard jeté sur un paysage, nous partageons presque instantanément ce que nous ressentons. Il y avait donc quelque chose qui clochait. A ce moment-là, le temps s’est suspendu quelques instants, nous nous sommes regardées et nous avons compris que nous pensions la même chose, tout en étant presque gênées que cela nous traverse l’esprit. Plusieurs mots ont alors émergé, sans que l’on n’ait besoin de préciser : « non mais c’est beau et je suis super contente d’être là », « ah oui alors toi aussi ça te fait ça ?! ».
En fait, nous avons compris que nous ne ressentions pas réellement d’émotion depuis notre arrivée. Bien évidemment que les paysages, les couleurs, la roche, le canyon étaient beaux mais il ne s’est pas passé ce que nous avons pu ressentir en découvrant Bryce Canyon ou les buttes de Monument Valley. Ce sentiment est très étrange à décrire, d’autant plus encore lorsque l’on parle du Grand Canyon, ce monument naturel célèbre dans le monde entier. Concrètement, si l’on devait résumer nos impressions qui, d’ailleurs, ont été strictement identiques sans que nous les évoquions, nous dirions qu’il ne s’est « rien passé ». La beauté et la majestuosité réputées des lieux ne nous ont pas touchées. Objectivement, nous ne pouvons que les reconnaître mais cela restera uniquement un regard neutre, dépourvu de sentiments. Nous ne pouvons pas dire que le Grand Canyon nous a déplu mais nous en sommes reparties avec une pointe de déception.
Est-ce parce que nous y avions mis trop d’attentes ? Est-ce dû au fait que nous ayons vu un nombre invraisemblable de paysage époustouflants avant d’arriver ici ? Pour l’heure, nous n’avons pas encore réussi à répondre à ces questions… Quoi qu’il en soit, nous ne regrettons pas une seule seconde d’avoir consacré une journée entière à ce canyon mythique et sans doute que, le jour où nous repasserons dans les environs, nous y retournerons pour le découvrir sous d’autres aspects (et, peut-être, revenir sur nos premiers avis). Et, pour ce qui est des conseils, évidemment que vous devez y aller, pour le voir, l’explorer par vous-mêmes et, si vous en avez l’occasion, nous sommes certaines que la descente dans le canyon doit valoir le coup. En revanche, nous serions quand même curieuses de savoir si nous sommes les deux seuls spécimens sur cette planète a avoir vécu les choses de cette façon ou si d’autres personnes partagent des ressentis similaires… En définitive, le Grand Canyon aura au moins le mérite de rester pour nous un vrai mystère !

Sedona, entre Red Rock Country et Verde Valley

Ici, ce n’est pas tout à fait Stendhal mais on s’en approche. « Le Rouge et le Vert », c’est comme ça que l’on pourrait qualifier Sedona et ses environs. D’ailleurs, on pourrait même ajouter d’autres couleurs à la liste tant elles sont le souvenir le plus marquant de ces lieux. Le rouge des roches disséminées dans le vert éclatant de la végétation, le tout dominé par un ciel d’un bleu imperturbable le jour et se parant des teintes violettes à la tombée de la nuit. Ce coin de l’Arizona mérite vraiment un détour, voire qu’on lui consacre plusieurs journées si l’on veut profiter pleinement de la nature environnante.

Pour nous, l’émerveillement a commencé le lendemain de notre arrivée. En effet, revenant du Grand Canyon, nous avons pris possession de notre chambre d’hôtel vers 22h et il faut dire qu’en termes de couleurs, la nuit donne également le ton puisqu’elle est d’un noir profond.

C’est donc au matin que nous avons pris la mesure de ce décor grandiose qui nous entourait. Après avoir flâné un peu, entre petit déjeuner, café et une tentative de piscine (pas très propre, malheureusement, donc assez vite oubliée), nous sommes parties en direction d’un départ de sentier de randonnée, le Broken Arrow Trail. Pour y accéder, l’une des options est de garer votre voiture au bout de Morgan Road, qui coupe la Highway 179. De là, vous rejoignez aisément plusieurs sentiers, dans un environnement absolument idyllique, au cœur de la Coconino National Forest. En suivant le Broken Arrow Trail, après un peu plus de 2,5 km, on atteint Chicken Point, qui offre une vue à 360° sur les alentours. La randonnée est sublime, relativement facile (quelques passages demandent un léger effort pour surmonter le petit dénivelé mais rien de bien extraordinaire ; prévoyez simplement de l’eau et de quoi vous protéger du soleil, qui ne fait pas son travail à moitié !), les paysages changent au fil des pas, tout en restant toujours dans cette parfaite cohérence de rouge et de vert. C’est splendide et inoubliable !

Si l’envie vous en dit, vous pouvez poursuivre le sentier, qui continue dans plusieurs directions différentes, dont l’une vous emmène à la Chapel of the Holy Cross (que nous avons, pour notre part, laissée de côté mais qui, semble-t-il, mérite un coup d’œil). Pour ce qui nous concerne, nous avons rebroussé chemin après avoir emmagasiné le plus de souvenirs possibles puis nous avons décidé de faire un petit détour pour aller voir le Submarine Rock. Le point de vue est, certes, moins impressionnant mais la balade n’en est pas moins agréable et le décor est encore différent (on traverse un petit cours d’eau et l’on est davantage au cœur de la végétation, au pied des roches). Il y a, bien sûr, dans les environs, des dizaines d’autres possibilités mais, quelle que soit celle que vous choisirez, si vous êtes dans les parages, faites absolument un tour dans ce magnifique secteur !

Pour nous remettre de toutes ces émotions, nous voulions ensuite nous rendre en ville, histoire de flâner un peu et de prendre un verre en terrasse. Direction, donc, le centre ville de Sedona. Peu étendu, il s’articule autour d’une portion de l’US-89A et surplombe les alentours. Une rue principale, quelques commerces, bars et restaurants, le tout dans les mêmes teintes que les roches voisines afin de se fondre au mieux dans le décor. Il n’y a rien de bien particulier mais on peut y faire une petite pause fraîcheur pas désagréable. Quoi qu’il en soit, disons que l’on va à Sedona pour ses paysages et non pour son centre.

Afin de terminer cette journée en beauté, nous avions repéré un spot pour le coucher de soleil, au niveau d’Airport Mesa. Le nom nous semblait étonnant mais, on vous rassure tout de suite, ce n’est pas dans un aéroport (enfin, il y en a un a proximité mais il s’agit d’un tout petit aéroport local). Le site est constitué d’un groupement de plusieurs roches (mesa), autour desquelles des sentiers sont aménagés, permettant d’atteindre leurs sommets. Il ne faut que quelques minutes pour arriver en haut, d’où l’on a une vue imprenable. Juste avant, nous étions passées chez Whole Foods afin de nous organiser un petit pic-nic et de profiter pleinement de cette soirée. L’endroit est réputé et se remplit rapidement à la tombée du jour mais vous trouverez toujours une petite place pour admirer le spectacle. Car oui, c’est vraiment le mot à employer tant ce coucher de soleil est unique ! Nous n’avions jamais vu ça ! Le ciel s’est progressivement paré d’une robe violette, de plus en plus vive, jusqu’à ce que le soleil décline totalement. C’était tout simplement magique !

Après cette fabuleuse journée, il ne nous aura pas fallu longtemps pour nous endormir, avec des images plein la tête. Il faut dire aussi que nous avions du pain sur la planche le lendemain puisque nous allions encore plus à l’Ouest en empruntant un des plus beaux tracés de la route 66, que vous pouvez suivre avec nous en cliquant ici. Mais avant cela, en remontant vers Flagstaff (de jour, cette fois-ci), les paysages le long de l’US-89A nous ont presque forcées à nous arrêter. Toute la route, bordée de végétation, longe l’Oak Creek, légèrement en contrebas. De nombreuses zones de stationnement sont aménagées sur le trajet, ce qui permet d’aller se rafraîchir dans le lit de la rivière. Il n’y a pas forcément un endroit plus beau qu’un autre, alors faites-le à l’instinct, à l’envie. De notre côté, nous nous sommes baignées, avons marché un peu en remontant le cours d’eau puis nous avons regagné la voiture pour ensuite aller boire un café à la terrasse du Dairy Queen (DQ) installé sur le bord de la route. Un peu plus loin, un parc d’état, Slide Rock State Park, a été aménagé spécialement pour profiter de la rivière et de quelques piscines naturelles. Nous n’avions pas le temps de nous y arrêter mais il vaut très certainement le coup ! A partir d’un moment, au niveau de la source d’où naît l’Oak Creek, la route commence à prendre de la hauteur, par le biais de quelques virages en épingle, jusqu’à arriver à un point de vue dominant tous les environs.
En définitive, que ce soit pour profiter des joies de la baignade en rivière, des paysages bucoliques puis quasi-montagneux ou tout simplement du plaisir de parcourir une très belle route, nous vous conseillons de consacrer impérativement un peu de temps à cette superbe portion d’environ 25 km avant de partir vers de nouvelles aventures !

Oak Creek River

Alors, le verdict ?!

À vrai dire, l’intégralité de ce voyage fut absolument extraordinaire donc, bien entendu, la partie consacrée majoritairement aux grands parcs ne déroge pas à la règle. On reste souvent sans voix face à l’exubérance des paysages, l’explosion de couleurs, le charme de l’ambiance des petites villes et les histoires que racontent à eux seuls les kilolètres de route parcourus.

Bien sûr, nous n’avons pu récolter qu’un simple aperçu de toute cette immensité et il n’y aurait sans doute pas assez d’un seul séjour dans cette région pour tout explorer dans les moindres détails. Malgré tout, nous en avons profité au maximum et une chose est sûre, c’est qu’à peine quittés, les grands parcs nous donnent déjà des envies d’encore !

Si l’on devait ne retenir qu’un seul et unique endroit à découvrir parmi tous ceux-là, nous aurions beaucoup de difficultés. En effet, tous ces lieux possèdent leur propre identité et méritent tous bien plus qu’un coup d’oeil ! Sans doute qu’en tête de liste, nous mentionnerions malgré tout Bryce Canyon et Monument Valley qui, à bien des égards, nous ont fait ressentir de vraies émotions. Néanmoins, les autres suivraient très rapidement cette pseudo tête de classement.

Enfin, s’il devait y avoir un regret, ce serait de n’avoir pas pu réaliser la randonnée qui descend aux pied des hoodoos à Bryce Canyon. En effet, c’est la seule chose prévue sur laquelle nous avons été obligées de tirer une croix et il faut dire que cette rando promettait un spectacle incroyable. Pour tout le reste, aucun regret, simplement des choix et la conscience de ne pas pouvoir tout explorer en une seule fois. Il faudra donc revenir dans le coin un jour ou l’autre, pour conjurer le sort de la tempête à Bryce Canyon et pour voir d’autres merveilles de cette grandiose nature organique.

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