Premier voyage à l’étranger : notre récit rocambolesque
C’est par une nuit d’insomnie, une nuit de pleine lune éclairant le ciel noir de l’hiver que l’envie de remuer quelques vieux souvenirs vint pointer le bout de son nez. Bon, dit comme ça, on croirait soit à l’amorce d’un mauvais film d’horreur, soit à un récit mélancolique… On vous rassure, ce n’est ni l’un, ni l’autre, bien au contraire ! Il s’agit juste de partager avec vous ce premier voyage à l’étranger, ponctué d’anecdotes et de souvenirs mémorables !
Allez, c’est parti, on rembobine un bon coup pour nous retrouver en août 2007. À ce moment-là, Boria n’a que 17 ans et il lui faut donc une autorisation parentale si elle veut quitter le territoire, sauf qu’à cette période, ses parents ne sont pas très enclins à lui signer quoi que ce soit (que voulez-vous, les affres de l’adolescence…!). Seulement voilà, on avait économisé quelques euros durant l’été et on avait repéré un voyage à la toute dernière minute. À l’époque, pour 350€ à deux (en y repensant, c’est vraiment fou ce tarif !), on avait trouvé un voyage tout inclus d’une semaine à Hammamet, en Tunisie. Pour être honnêtes, on n’a jamais été adeptes du all inclusive ou encore des destinations ultra-touristiques comme celles-ci mais c’était vraiment tout ce qu’on se pouvait se payer et c’était l’occasion pour nous de mettre un pied sur un autre continent. Alors, on n’a pas tergiversé et on a décidé de se lancer !
Il restait encore à régler le problème des papiers… C’est là qu’on a eu une idée lumineuse : la carte d’identité de Boria comportait une erreur qui allait pouvoir nous servir ! En effet, lorsqu’elle avait été refaite, sa carte indiquait comme date de naissance le 16 août, alors qu’elle est née le 16 septembre. Ça voulait donc dire qu’officiellement, grâce à cette erreur, elle était majeure en août et n’avait alors plus besoin d’un quelconque papier signé ! Et bien oui, si vous vous posez encore la question, c’est ce qu’on a fait, on est parties sans prévenir personne… Avec du recul, on se dit que ce n’était quand même pas très malin mais c’était, en revanche, une super expérience !
C’est donc à 17 et 20 ans que l’on s’est retrouvées pour la première fois sur la route des périples, avec une poignée de dinars en poche ! Une fois sur place, on s’en est donné à cœur joie et on a tout de suite compris que ce qui nous attirait dans le voyage était la découverte. Ainsi, presque sans argent, sans permis de conduire et sans aucune expérience, on s’est débrouillées comme on a pu pour sortir le plus possible du complexe hôtelier et aller explorer une petite partie de la Tunisie, ce qui a donné lieu à des situations assez cocasses.
Etant situées à une dizaine de kilomètres au Sud d’Hammamet, on a commencé par aller explorer la ville puis nous avons poussé un plus loin, du côté de Nabeul, le tout grâce à un mélange de bus, de taxis et de louages (les taxis collectifs en Tunisie), en fonction des horaires et des trajets proposés. Jusque là, rien à signaler, si ce n’est qu’on a pu constater à plusieurs reprises que le sens de circulation dans les ronds-points n’était pas toujours respecté, nous occasionnant quelques frayeurs…
Là où ça se corse, c’est quand on a voulu visiter Port El-Kantaoui. En effet, pour atteindre la blanche cité balnéaire, il fallait tout d’abord prendre un bus jusqu’à Sousse, à environ 70km de là où nous logions, puis un taxi jusqu’au célèbre port. À l’aller, nous n’avons pas vraiment eu d’embûches et, hormis le temps de trajet un peu long, nous avons pu arriver à bon port (promis, on n’a même pas réfléchi au jeu de mot !). Au retour, en revanche, on a voulu changer un peu nos plans et emprunter un louage, que l’on était censées trouver à la sortie de la ville. Le hic, c’est qu’il n’y avait personne à cet endroit-là et que la fin de journée approchait déjà à grands pas. On a attendu un petit moment, discuté, réfléchi et on a fini par se dire qu’il était préférable de demander des précisions aux policiers qui se tenaient non loin de nous, dans une voiture stationnée en bord de route. On leur explique donc la situation, il nous répondent que les taxis collectifs ne passent pas ici et qu’au vu de l’heure, il va être difficile de regagner Sousse puis Hammamet. Un peu dépîtées, on ne savait pas vraiment quoi faire et puis, il faut resituer dans le contexte : bien que ce ne soit pas si vieux que ça, en 2007, on n’avait pas de smartphone, pas d’accès Internet en dehors des cybercafés, très peu d’argent en poche et donc pas beaucoup de solutions de repli… Ça s’est sûrement vu sur nos visages et, comme souvent, on a eu de la chance ! Les deux flics nous disent de ne pas nous inquiéter et qu’ils vont nous aider à rejoindre Sousse, d’où on pourra avoir plus d’options. Avec Laure, on se regarde du coin de l’oeil, un brin méfiantes malgré tout mais, de toute façon, on ne pouvait plus faire grand chose. On reste donc à côté de la voiture, en nous demandant comment tout ça allait s’organiser, jusqu’au moment où les deux types arrêtent un camion qui passait par là. Ils échangent quelques minutes en arabe (la conversation se faisait jusqu’alors en français mais là, on ne comprenait plus ce qui se disait, à notre grand dam !), se retournent de temps en temps vers nous (on comprend donc bien qu’ils parlent de nous) et l’un des policiers finit par venir nous voir. « Vous montez avec lui, il va vous ramener jusqu’à votre hôtel ! » Imaginez un peu nos têtes et tout ce qui est passé dedans en l’espace d’un instant… En même temps, que pouvions-nous faire d’autre que de les suivre, dans cette situation où nous étions seules avec cette voiture de police et ce camion ? Une fois devant la cabine du camion, le flic fait descendre un passager et nous dit de monter devant. On s’exécute. Et 70km plus tard, après avoir largué le premier passager, le conducteur du camion nous a déposées devant l’entrée de notre hôtel. Avec du recul, toute cette situation semble complètement folle, presque inimaginable mais elle s’est bien produite ! Si on la résume : deux policiers ont arrêté un camion pour nous prendre en stop, dégagé à l’arrière du véhicule un type dont on ne sait pas bien pourquoi il était là et tout ça, à l’étranger, avec une carte d’identité à moitié fausse pour deux gamines à peine ou presque majeures…
Cette anecdote fut simplement la première d’une longue série puisque la Tunisie, même vécue dans ce contexte qui ne nous ressemble absolument pas, nous a à la fois donné le goût des voyages et a ouvert la voie à tous ceux qui ont suivi (vous pouvez d’ailleurs les retrouver ici : destinations parcourues jusqu’à présent) ! Tous les voyages ont leur lot d’aventures plus ou moins rocambolesques et les nôtres n’en ont jamais manqué ! C’est ce qui fait aussi leur charme et participe à la construction de souvenirs communs, que l’on partageait souvent dès notre retour avec notre entourage. D’ailleurs, tout le monde autour de nous se souvient qu’on a, un jour, connu les hôpitaux vétustes de la Croatie à cause d’une boîte de thon récalcitrante ! Mais ça, c’est une autre histoire 😉