Monastère Hozoviotissa à Amorgos dans les Cyclades

Certaines îles se méritent un peu plus que d’autres. Amorgos en fait indéniablement partie. On a longtemps rêvé d’y aller et, plusieurs fois, on a frôlé la rencontre. Lors de notre premier voyage dans les Cyclades, on avait même réservé un camping, les billets de ferry étaient bookés et puis, à cause du vent, notre bateau est resté à quai. Changement de plans, frustration, rendez-vous manqué… Mais ça y est, on a enfin réussi à poser les pieds sur Amorgos ! Et là, on a compris…compris pourquoi on avait tant insisté. Une lumière vive, presque crue. Un décor brut, aride, comme sculpté par les éléments. Une beauté simple, sans artifices. Est-ce un hasard si Le Grand Bleu y a été tourné ? Sans doute pas car, dès les premiers instants, cette île vous happe. Elle a quelque chose de mystique, presque magnétique. Amorgos, c’est une île tout en longueur (33 kilomètres de long, entre 2 et 6 km de large) traversée par une seule route principale. C’est la dernière île des Cyclades avant d’entrer dans le Dodécanèse (on vous parle ici de cet archipel à découvrir : Les plus belles îles du Dodécanèse en 20 jours) : un petit bout du monde, accroché entre mer et montagne, battu par le vent mais baigné de lumière. Et maintenant que le rêve est devenu réalité, on peut vous le dire sans hésiter : visiter Amorgos, c’est une expérience à part ! Alors si vous vous demandez que faire à Amorgos, où aller, que voir, comment s’y déplacer et surtout ce qu’on y ressent, suivez-nous sur cette île pas comme les autres. On vous le dit, nous, on a eu un vrai coup de cœur !

Si toutefois vous êtes pressés, vous pouvez cliquer sur les liens du sommaire pour naviguer comme bon vous semble dans l’article, avant de revenir poursuivre votre lecture plus tard 😉

Aegiali, l’élégance simple d’un petit port cycladique

On a choisi de poser nos valises à Aegiali et franchement, on n’aurait pas pu mieux tomber. Ce petit village accroché au creux d’une baie abritée, au nord-ouest de l’île, nous a offert tout ce qu’on attendait pour découvrir Amorgos en douceur. Il y a d’abord la vue, sublime, sur le port et les collines environnantes, et puis cette lumière, en fin de journée, qui dorait les façades blanches et faisait danser les bougainvilliers dans les ruelles.

Aegiali est un village à taille humaine, vivant sans être bruyant, avec juste ce qu’il faut de tavernes, de cafés et de petits commerces. On s’est très vite laissées porter par le rythme lent des chats endormis sur les marches, des barques qui tanguent doucement dans le port et des cafés frappés dégustés en terrasse face à la mer. Le soir, l’ambiance se fait un peu plus animée mais toujours tranquille.
Côté plages, on est plutôt gâtées dans les environs immédiats : celle d’Aegiali, longue et facile d’accès, est parfaite pour une baignade à toute heure de la journée. Si on pousse un peu plus loin à pied, on découvre Levrossos, plus calme, accessible par un petit sentier, puis Psili Ammos, encore plus discrète et sauvage (sans transat ni taverne, mais avec des eaux limpides et un calme absolu).

Pour info., l’île comporte deux ports, le second étant Katapola, au sud d’Amorgos. On n’y a pas logé mais on y est passées. Le village est plus petit, un peu moins touristique peut-être (même si Amorgos reste une île vraiment préservée, n’ayez crainte !). Le front de mer y est tout aussi charmant, bordé de tavernes et de quelques pensions. Le seul « défaut » de Katapola est qu’il s’agit du port principal donc qu’il voit défiler la plupart des ferries venant du reste des Cyclades. Evidemment, il reste une étape pratique mais on a quand même préféré le charme plus doux d’Aegiali.

Sur les routes d’Amorgos : le goût de la liberté à travers des paysages spectaculaires

S’il y a bien une chose qu’on retiendra d’Amorgos, c’est cette impression d’immensité et de liberté, cheveux au vent (ou plutôt casques bien vissés sur les têtes), à parcourir les routes sinueuses de l’île en quad. Il n’y a qu’une seule grande route qui traverse Amorgos du nord au sud et pourtant, à chaque virage, c’est un nouveau décor qui se dévoile : la mer d’un bleu profond, les falaises abruptes, les vallées arides où le maquis s’accroche à la roche et puis ce silence, presque irréel. Tout ce que l’on évoque n’est pas une image : même en plein mois d’août, on se retrouvait souvent seules au monde, à rouler sans croiser personne, mises à part quelques chèvres sur le bord de la route. Quel bonheur…!

Le nord de l’île, du côté d’Aegiali, est plus vallonné et relativement doux. Le centre devient plus austère, presque lunaire, avec une roche ocre, des pentes arides et des villages accrochés à flanc de montagne. Plus on descend vers le sud, plus les paysages se durcissent encore, plus minéraux, plus tranchés, avec parfois un bout de mer à l’horizon pour rompre la monotonie des tons secs.

Amorgos est une île qui ne se dévoile pas d’un coup. Il faut la sillonner, la respirer, s’arrêter sans but et surtout, ne pas avoir peur de se perdre un peu. En quad, chaque trajet devient un petit voyage en soi et c’est aussi pour cette raison qu’on a aimé Amorgos : pour cette sensation rare de bout du monde.

Chora, joyau blanc suspendu, à deux pas du mystérieux monastère de Hozoviotissa

On avait lu que la Chora d’Amorgos était l’un des plus beaux villages des Cyclades. Entre nous, c’est vrai qu’on peut parfaitement l’intégrer à un top 6 ! Niché au centre de l’île, posé sur un plateau, ce village tout de blanc vêtu dégage une atmosphère qu’on a rarement retrouvée ailleurs. C’est un enchevêtrement de ruelles pavées, de petits escaliers, de chapelles cachées et de places fleuries, le tout veillé par les moulins traditionnels surplombant la ville et par cet étrange rocher posé là de façon très surprenante. Chaque détour est une carte postale des Cyclades, certes sans la mer à ses pieds mais également sans le monde que l’on peut retrouver sur d’autres îles. En plein mois d’août, on a dû croiser trois chats, deux grand-mères assises devant leur porte et quelques touristes qui, comme nous, marchaient au ralenti, happés par la douceur des lieux. Le silence, ici, est presque sacré. Il y a bien quelques terrasses où s’installer pour un café ou un ouzo mais rien ne vient troubler l’équilibre de ce village suspendu.

Et puis, à quelques petits kilomètres de là se trouve le monastère de Hozoviotissa, creusé à flanc de falaise, qu’on aperçoit de loin avant même d’y arriver. La marche d’approche est déjà un petit moment de grâce, entre escaliers, vent salé et cette façade blanche improbable qui semble émerger directement de la roche. Malheureusement, lors de notre passage, le monastère était fermé donc nous n’avons pas pu y accéder mais, de toute façon, ce qu’il y a de plus beau est sans doute ce que l’on voit de l’extérieur. Cette vision irréelle, ce blanc éclatant contre le gris brut de la falaise, cette vue vertigineuse sur la mer Égée… On est restées longtemps à observer, silencieusement…

Autour de Chora, il y a aussi plusieurs petits villages qu’on vous recommande de découvrir si vous avez le temps : Vroutsis, plus discret, plus traditionnel, Arkesini, perdu au sud, dans un décor presque désertique, sans oublier Katapola, sur la côte. Ici encore, on vous invite à sortir du plan, à vous laisser guider par la route et par la lumière ; Amorgos saura vous surprendre, ça ne fait aucun doute !

Amorgos côté mer : baignades minérales, falaises abruptes et criques oubliées

Disons le tout de suite, Amorgos n’est pas ce qu’on appelle une destination « plage ». Si vous cherchez de longues étendues de sable avec transats et beach bars, ce n’est pas l’île sur laquelle vous trouverez votre bonheur. Sur cette île, la mer se mérite. Elle se découvre au détour d’un virage, au pied d’une falaise, au bout d’un sentier rocailleux. Et c’est justement ce qui fait, ici, tout son charme.

On est venues à Amorgos pour ses paysages, pas pour bronzer. Bon, certes, mais quand même, on avait bien envie de faire trempette sous la chaleur de l’été ! Mission accomplie puisqu’on y a trouvé des coins baignade absolument sublimes, parfois presque irréels tant l’eau y est claire, intense, d’un bleu à faire oublier tous les autres.

Commençons par la plus célèbre, celle que vous avez sans doute déjà vue sans même en connaître le nom : Agia Anna. Ca ne vous dit rien ?! Si on vous dit Jacques Mayol et Enzo Molinari ? Luc Besson ? Oui, c’est LA fameuse « plage » d du Grand Bleu ! Immortalisée par le film, elle attire forcément du monde mais reste un incontournable de par sa beauté indéniable. La baignade face à la petite chapelle blanche posée au-dessus de toutes ces nuances de bleu, avec le monastère de Hozoviotissa en arrière-plan…on vous laisse imaginer… Attention, cependant, il n’y a pas de plage à proprement parler mais des rochers aménagés pour poser sa serviette (pas très confortable mais totalement magique).

Sur la route qui relie Aegiali à Chora, un arrêt s’impose au niveau d’Agios Pavlos, cette langue de galets qui s’étire entre deux bras de mer. À marée basse, l’isthme se dessine nettement, reliant presque Amorgos à la petite île de Nikouria, posée juste en face. Certains y nagent, d’autres embarquent pour une excursion vers les plages de Nikouria. Nous, on a surtout admiré le décor et profité de la mer ainsi que de ses dégradés de bleus impressionnants et sublimes !

Plus loin, Maltezi, accessible depuis Katapola par un sentier ou en bateau-taxi, offre une belle alternative plus “plage” classique, avec sable blond et des eaux limpides, qui donnent juste envie de se jeter à la mer sans réfléchir. C’est l’endroit parfait pour une pause tranquille, avec un peu plus d’espace.

Ensuite, ne manquez pas Mouros, une crique encaissée, bordée de rochers noirs et de grottes marines. L’accès est un peu sportif (il faut descendre un bon nombre de marches et, bien sûr, les remonter ensuite sous le soleil) mais une fois en bas, on n’a plus envie de partir. L’eau y est d’un bleu profond, les fonds marins parfaits pour le snorkelling et l’ambiance presque mystique.

Tout au bout de l’île, Kalotaritissa offre un petit bout de plage abrité, avec vue sur l’îlot de Gramvoussa. On y a passé un moment paisible, bercées par le clapotis des vagues et le vent léger — et c’est aussi de là que partent des excursions en bateau vers l’île en face.

Et si vous aimez les criques plus confidentielles, allez explorer Mikri Vlychada ou Ammoudi : plus sauvages, moins fréquentées, elles demandent un petit effort d’accès mais qui sera largement récompensé (pensez juste à prendre de bonnes chaussures, un chapeau et de l’eau).

À Amorgos, la mer est toujours là, scintillante, presque minérale. Ce n’est pas une île où on s’étale à longueur de journée mais plutôt une île où on marche, on découvre et on se jette à l’eau, dans des décors qui restent gravés en mémoire pendant longtemps.

Randonner à Amorgos, terre de sentiers et de silence

S’il y a bien une île qui donne envie d’enfiler ses chaussures de rando., c’est Amorgos. Ici, la randonnée n’est pas une activité en plus, c’est une véritable manière de découvrir l’île. Marcher à Amorgos, c’est traverser des paysages minéraux et silencieux, entre mer scintillante, maquis piqué d’herbes sèches et reliefs escarpés. C’est suivre les traces de moines, de bergers ou de voyageurs d’un autre temps sur des sentiers ancestraux, parfois pavés, souvent rocailleux et toujours spectaculaires.

Parmi les plus belles balades à faire, celle qui relie Chora à Aegiali est clairement inoubliable. Environ 3 à 4 heures de marche, en fonction du rythme, avec des vues à couper le souffle sur les montagnes, la mer et les villages perchés. Le sentier grimpe, serpente, descend doucement, offrant des panoramas à chaque détour. On s’y sent loin de tout, presque seuls au monde, avec juste le vent et les cigales comme compagnons.

Autour de Langada, au nord, on a aussi trouvé de superbes itinéraires. Le petit village en lui-même vaut déjà le détour avec ses ruelles blanches et son ambiance hors du temps mais les sentiers qui en partent mènent vers des chapelles isolées et des points de vue époustouflants.

La montée vers le monastère de Hozoviotissa, si vous la faites à pied depuis Chora, est également très belle, même si elle est courte. En général, on y va en scooter puis on monte à pied les dernières marches mais les plus motivés peuvent envisager de faire la marche complète depuis le village. La vue en arrivant au monastère, adossé à la falaise, reste l’une des plus impressionnantes qu’on ait vues en Grèce.

Enfin, sur la côte sud-ouest, nichée dans une petite crique encaissée, repose l’épave du cargo Olympia, échoué là dans les années 1980. Pour l’atteindre, il faut suivre un petit sentier de terre depuis la route, à travers une végétation basse et méditerranéenne, entre maquis, buissons et touches de vert qui tranchent avec le bleu profond de la mer en contrebas. En contrepoint de ce décor naturel, l’épave surgit, posée presque théâtralement sur les rochers. Rouge brun, cabossée, tordue par le temps, elle semble à la fois abandonnée et mise en scène. Le lieu dégage une vraie atmosphère, un peu étrange, presque irréelle, qui vaut le détour autant pour la balade (on ne peut pas vraiment parler de randonnée) que pour le contraste inattendu.

Infos pratiques : tout pour préparer au mieux votre voyage à Amorgos

🛥️ Comment se rendre à Amorgos ?

Il n’y a pas d’aéroport à Amorgos donc le seul moyen d’accès est le ferry. Plusieurs compagnies desservent l’île depuis :

  • Le Pirée (Athènes) : liaisons longues (7 à 10h) mais régulières,
  • Naxos, Santorin, Paros : plus rapide et souvent plus pratique si vous combinez plusieurs Cyclades,
  • Les îles du Dodécanèse : quelques connexions possibles selon la saison.

Attention au meltemi, ce vent d’été parfois capricieux : il peut retarder voire annuler les ferries. On vous conseille donc de prévoir une petite marge si Amorgos est votre dernière étape avant un vol retour…histoire de ne pas faire comme nous lors de notre tout premier voyage en Grèce, où on n’avait jamais réussi à poser le pied sur l’île à cause du vent !

Pour planifier au mieux votre voyage, vous pouvez regarder toutes les options possibles sur le site DirectFerries.

Combien de temps rester à Amorgos ?

Pour vraiment découvrir Amorgos, on recommande au moins 4 nuits, idéalement 5 ou 6. L’île est plus longue qu’elle n’en a l’air, les distances se font lentement et ce serait dommage de ne pas prendre le temps de flâner à Chora, de randonner dans les hauteurs et de plonger dans une crique turquoise.

💶 Budget et période idéale

Amorgos est plutôt abordable comparée à d’autres îles comme Santorin ou Mykonos. Vous y trouverez des hébergements charmants, des tavernes familiales et peu de boutiques “pièges à touristes”.

Haute saison (juillet-août) : il y a un peu plus de monde (mais rien à voir avec les foules d’autres Cyclades).
Juin et septembre sont les mois parfaits : températures idéales, mer chaude, calme olympien.

🛵 Se déplacer : quad, scooter ou voiture ?

Le quad est une bonne option (c’est ce qu’on avait) mais vu le relief et les distances, préférez un moteur puissant.
Le scooter peut être suffisant si vous restez au nord, mais attention aux pentes et au vent !
La voiture est sans doute plus confortable, surtout si vous logez loin des villages principaux mais, pour le coup, l’île ne fait que 33km de long donc ce n’est pas indispensable.

Quoi qu’il en soit, pour être tranquilles, pensez à réserver votre véhicule à l’avance, surtout en haute saison, et à toujours avoir un coupe-vent dans votre sac !

Alors, le verdict ?!

On l’attendait depuis longtemps, Amorgos. On avait fantasmé ses routes escarpées, ses villages suspendus, ses criques au bout du monde. Et souvent, quand on attend trop, on peut être un peu déçues. Mais dans ce cas, on a été bien, bien loin de l’être, au contraire ! Amorgos nous a charmées, totalement fidèle à ce qu’on attendait d’elle !
Il y a quelque chose de fort, de brut, de presque mystique sur cette île. Une lumière différente. Un silence inhabituel. Un vent qui vous pousse vers l’intérieur, vers l’essentiel. Ici, pas de bling bling, pas de décors trafiqués. Amorgos ne cherche pas à plaire. Elle est, sauvage, belle, rugueuse parfois mais toujours sincère.

On la recommande les yeux fermés à ceux qui aiment prendre le temps, marcher, sentir le vent sur leur visage, perdre la 5G et retrouver l’envie de contempler. À ceux qui rêvent de randonnées avec vue sur la mer, de tavernes où le temps ralentit, de villages blancs où l’on croise plus de chats que de touristes. Une chose est sûre : si vous vous laissez embarquer, nul doute qu’elle vous accrochera le cœur et qu’elle restera gravée dans vos plus beaux souvenirs !

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