
Quand on pense à l’Islande, on imagine les geysers, les cascades, les plages de sable noir ou encore les glaciers. Mais il y a une partie du pays qui reste souvent hors des sentiers battus : les Hautes Terres d’Islande, ce territoire sauvage et quasi désertique au cœur de l’île, accessible uniquement quelques mois dans l’année, quand la neige et la glace veulent bien se faire oublier. Ici, pas de villages, pas d’infrastructures ou presque : uniquement des pistes caillouteuses (les fameuses routes « F »), des gués à traverser, et cette sensation grisante de s’enfoncer dans une nature brute, silencieuse, parfois lunaire et toujours spectaculaire ! C’est dans cet univers à part qu’on a choisi de s’aventurer durant certains moments de notre road trip (d’ailleurs, n’hésitez pas à consulter notre itinéraire et budget pour 16 jours en Islande pour en savoir plus). Armées d’un 4×4, de quelques conseils glanés à droite à gauche et d’une bonne dose de curiosité (et d’optimisme), on a parcouru plusieurs portions de ces routes mythiques de l’intérieur du pays. Certaines nous ont émerveillées, d’autres nous ont stoppées net mais toutes nous ont laissé des souvenirs impérissables. Allez, on vous emmène !
Si toutefois vous êtes pressés, vous pouvez cliquer sur les liens du sommaire pour naviguer comme bon vous semble dans l’article, avant de revenir poursuivre votre lecture plus tard
1. Islande sauvage : sur les traces de la route F35 (Kjölur), des sources chaudes d’Hveravellir à la magie d’Hveradalir
2. Islande intérieure : échappée lunaire sur la silencieuse route 550, entre solitude volcanique et glacier pour horizon
3. Coulisses de notre tentative sur la route F821 vers Laugafell : jusqu’où aller quand la route se transforme en rivière ?
4. Landmannalaugar par la F225 : virée avortée et demi-tour à flanc de volcan, ou quand la glace a eu le dernier mot
5. F-roads, météo et conseils : toutes les infos pratiques pour s’en sortir dans les Hautes Terres d’Islande sans (trop) galérer
6. Alors, le verdict ?!
Islande sauvage : sur les traces de la route F35 (Kjölur), des sources chaudes d’Hveravellir à la magie d’Hveradalir
S’il y a une route qui donne le ton pour une immersion dans les Hautes Terres, c’est bien la F35, aussi appelée route de Kjölur. Elle relie Blönduós à Gullfoss en traversant l’intérieur des terres du nord au sud. Longue (168 km), cabossée, un peu poussiéreuse mais plutôt praticable (en tout cas en été et avec un 4×4), elle reste une F-road vraiment accessible…sans rien sacrifier au dépaysement.
Quand on s’y est engagées, en cette toute dernière vraie journée de voyage, on avait en tête une idée très simple : terminer en beauté. Et clairement, ça a été le cas !
Depuis le sud, on attaque les 75 kilomètres de piste qui nous permettront d’atteindre Hveravellir, notre premier objectif. Disons-le franchement : 75 kilomètres de piste, même quand on a pris goût à la caillasse, c’est long. Très long. La route n’est pas difficile en soi, mais elle secoue et fatigue. Heureusement, un arrêt salvateur s’impose en chemin à Árbúðir, cette auberge improbable posée au milieu de rien, tenue par une dame adorable, qui propose boissons chaudes, petites soupes et quelques douceurs maison. Une vraie parenthèse de réconfort avant de reprendre la route.
Puis vient Hveravellir, un site géothermique isolé, à mi-chemin entre les deux côtes. Il ne fait pas dans le spectaculaire façon Geysir ou Myvatn, mais l’ambiance y est beaucoup plus sauvage et authentique. Des fumerolles, des bassins laiteux, mais aussi de la verdure, quelques moutons (n’oublions pas que nous sommes en Islande, où, paraît-il, il y a plus de moutons que d’habitants…) et un petit sentier qui serpente au milieu de tout ça… Et puis, surtout : un bassin d’eau chaude en pleine nature, juste là, posé dans le décor.
Bon, soyons honnêtes : le jour de notre visite, on n’était pas vraiment dans les conditions idéales pour se mettre en maillot de bain. Polaires, bonnets, coupe-vent et températures frisquettes. Mais on avait tout prévu “au cas où” — et ce “au cas où”, il s’est transformé en “c’est maintenant ou jamais”. Boria a donc attrapé son poncho de bain (l’incontournable allié des baignades islandaises), a filé se changer en plein air (vive le poncho, bis !) et s’est glissée dans l’eau chaude qui s’échappait d’un tuyau à 80°C, rafraîchie par un second tuyau injectant de l’eau froide. Résultat : une température parfaite, un bain sublime, un moment suspendu. Et, surprise : pas froid du tout en ressortant. Un vrai luxe dans un décor brut. Expérience validée à 1000 % !
Pour autant, le clou de cette virée était encore à venir (c’est dire…!).
On a repris la route en direction de Kerlingarfjöll, un massif montagneux aux couleurs irréelles, qu’on avait hâte de découvrir. Pour y accéder, on quitte la F35 pour une piste secondaire un peu plus chaotique mais toujours praticable. On avance entre sommets et névés persistants, jusqu’à atteindre un parking au pied d’un lodge en construction. De là, plusieurs sentiers de randonnée mènent au joyau du site : Hveradalir.
Initialement, on comptait faire la randonnée depuis le lodge. Mais alors qu’on commençait à chercher le chemin, un ouvrier croisé sur place nous a interpellées : “Vu le temps qui tourne, prenez plutôt la voiture, ça grimpe mais c’est faisable”. Bon, on aurait pu se vexer (on a déjà randonné en tongs, nous, monsieur !), mais on l’a écouté. Et heureusement car, même si la luminosité ne nous l’indiquait absolument pas, nous étions déjà en fin d’après-midi et nous aurions presque pu nous embarquer dans une rando de plusieurs heures tant nous avions envie de découvrir le site…c’est vrai que ce n’était pas l’idéal.
Les 6 derniers kilomètres jusqu’à Hveradalir sont les plus techniques du trajet : montée soutenue, piste très inégale, virages serrés. Malgré tout, notre petit 4×4 a tenu le coup ! En se garant sur le parking dédié, on aperçoit seulement des couleurs différentes des paysages que l’on avait alors vus. Il y a du vent donc on s’équipe et on avance vers les escaliers qui descendent au cœur du massif montagneux. A ce moment-là, c’est bien simple, on a littéralement commencé à manquer de mots…
Imaginez des collines orangées, striées de blanc par les résidus de neige, parcourues de fumerolles et de cours d’eau fumants. Des sentiers qui serpentent entre les crêtes, des marches en bois posées à flanc de colline, le tout dans un silence total, seulement troublé par les légers sifflements de la vapeur s’échappant des entrailles de la terre.
On est descendues dans cette vallée brûlante, puis on a grimpé, observé, photographié, savouré chaque point de vue. On s’est même séparées un moment, chacune de notre côté, pour vivre ce lieu en solo, sans un mot avec pour seule compagne la brume qui s’accroche aux crêtes…et ce sentiment d’être minuscules face à une nature aussi vivante.
Et il faut bien le dire : ce fut l’un des moments les plus forts de tout notre voyage. Une sorte de point d’orgue, à la fois visuel, sensoriel, émotionnel. On est restées là des heures, presque seules, dans un état de contemplation permanent, presque sans parler ou seulement à voix basse tant nous n’osions pas troubler cet incroyable spectacle.
Le retour s’est fait dans un silence de fin de journée, l’esprit plein de souvenirs et d’images inoubliables, les cheveux un peu rêches, les jambes fatiguées et le cœur encore suspendu quelque part là-bas, entre deux fumerolles.
Alors, si vous avez un 4×4 et l’envie de vivre un moment hors du monde, Kerlingarfjöll et Hveradalir sont un passage absolument incontournable. Rien ne vous y prépare. Et rien ne vous en fait redescendre vraiment.
Islande intérieure : échappée lunaire sur la silencieuse route 550, entre solitude volcanique et glacier pour horizon
Ces pistes isolées qui serpentent à travers les paysages les plus fous d’Islande sont l’apanage de tous les voyageurs qui choisissent de découvrir ce pays singulier. Alors, lorsqu’il nous a fallu redescendre du Nord vers le Sud, plutôt que de sagement passer par la route 1, on a choisi de rejoindre le parc national de Thingvellir par une autre piste bien moins fréquentée : la Route 550. Quelle bonne idée !
Cette route non asphaltée, qui relie Húsafell à Thingvellir, nous a offert un condensé de tout ce qu’on adore : des panoramas changeants, des décors lunaires, des kilomètres de silence à peine perturbés par le ronron du 4×4 et une sensation de bout du monde renforcée à chaque virage.
Le départ s’est fait après une petite pause du côté des chutes de Hraunfossar et Barnafoss, qui valent déjà le détour à elles seules. Deux chutes voisines mais très différentes, toutes deux nichées dans un écrin verdoyant. Hraunfossar, en particulier, est d’une beauté singulière : l’eau jaillit littéralement de la roche volcanique noire, en de multiples filets bleu vif, comme si la terre elle-même transpirait. À quelques mètres, Barnafoss impressionne par sa puissance plus brute, encaissée dans un petit canyon. Un bel enchaînement avant d’attaquer la piste.
Sur la 550, on entre tout de suite dans un autre monde. Dès les premiers kilomètres, le bitume laisse place à la caillasse et les repères disparaissent. La route file entre des sommets sombres ponctués de névés. Ces tâches blanches, accrochées aux flancs noirs des montagnes, créent un contraste visuel saisissant et, lorsque la brume s’en mêle, on pourrait presque voir des orques posées au loin. Quand on lève les yeux et que l’on regarde plus au loin, on distingue les reflets bleutés du glacier Langjökull, qui semble flotter à l’horizon. Les paysages islandais sont décidément totalement fous…!
L’isolement est total. On n’a croisé quasiment personne pendant toute la traversée. Pas un panneau, pas un bâtiment, pas une âme qui vive… juste nous, la piste et cette nature brute, silencieuse, presque oppressante par moments. Quelle expérience ! Par temps gris et légèrement brumeux, on se croirait dans un décor de science-fiction. On s’est arrêtées plusieurs fois en chemin juste pour écouter ce silence (et pour quelques pauses photo, on ne va pas se mentir !).
La route en elle-même est plutôt praticable en été même si ce n’est pas une promenade de santé non plus : ici, pas de gués mais des passages très cabossés, des nids-de-poule carabinés, des sections plus sablonneuses ou rocailleuses… Il faut rester concentré et mieux vaut ne pas s’y aventurer sans un 4×4 adapté.
Nous sommes finalement arrivées à Thingvellir en fin d’après-midi, ravies de ce détour improvisé. Ce site, à la fois haut lieu historique (c’est ici que se tenait le premier parlement islandais, dès l’an 930 !) et curiosité géologique (on marche littéralement entre deux plaques tectoniques), mérite le détour, ne serait-ce que pour les deux aspects que l’on vient de mentionner. On y a passé environ une heure et demie à déambuler entre les falaises et les failles, en longeant un joli lac. Ce qui est un peu dommage, c’est que l’aspect géologique du lieu n’est pas suffisamment mis en avant : on aurait aimé quelques explications plus claires sur ce qu’on observait. En revanche, en étant un peu renseignés avant, c’est une vraie expérience de se promener dans les entrailles mouvantes de la planète.
Alors, cette Route 550 ? Clairement, on vous la recommande si vous cherchez un itinéraire alternatif à la route 1, que vous aimez les paysages bruts et le sentiment d’être seul au monde. C’est le genre de piste qu’on emprunte pour l’aventure et dont on n’oublie pas les imposants paysages.
Coulisses de notre tentative sur la route F821 vers Laugafell : jusqu’où aller quand la route se transforme en rivière ?
On avait repéré Laugafell depuis un moment : une oasis de chaleur au cœur des Hautes Terres, connue pour ses sources naturelles perdues dans un décor de montagnes et de cailloux. Un lieu reculé, isolé, accessible uniquement par F-road — bref, tout ce qu’on aime. Après une pause à l’appart en milieu d’après-midi (parce que la détente, c’est bien mais pas trop longtemps non plus), on s’est donc lancées, pleines d’enthousiasme, sur la F821.
La météo était plutôt clémente, la voiture (un bon petit 4×4) aussi motivée que nous et les premiers kilomètres nous ont mis en confiance. La piste était tout à fait praticable et, lorsqu’un premier gué s’est présenté, on l’a traversé tranquillement, sans même descendre de voiture. Rien d’inquiétant. Quelques kilomètres plus loin, un deuxième gué, un peu plus large, un peu plus profond, mais toujours praticable. Bref, jusqu’ici, tout roulait.
Puis est arrivé le moment de bascule : un troisième gué. Mais là, changement d’ambiance. On ne parle plus d’un petit ruisseau ou d’un filet d’eau sur la piste, non. Devant nous, un véritable bras d’eau, long de plusieurs dizaines de mètres, s’écoulait littéralement sur la route. Difficile d’en voir le fond, impossible de savoir si on passerait. Alors on a coupé le moteur pour descendre de voiture et commencer l’inspection : repérage des traces de pneus, test de la profondeur avec un bâton, observation du courant…
Spoiler : ça ne sentait pas bon du tout. Deux passages, en particulier, semblaient franchement limite. Et comme si le décor ne suffisait pas à nous dissuader, la pluie s’est invitée à la fête, rendant la situation encore un peu plus incertaine pour le retour. Hésitation. Tentation. Discussion. Enfin, comme pour trancher, une Jeep (vraiment haute) s’est pointée et s’est engagée. En voyant ses roues s’enfoncer jusqu’à mi-hauteur, la décision a été immédiate : demi-tour.
On aurait adoré plonger dans les eaux chaudes de Laugafell en fin de journée, c’est sûr. Mais on aurait beaucoup moins aimé rester coincées au milieu d’un torrent glacé sans réseau ni plan B. Alors oui, cette fois, on a préféré jouer la carte de la prudence. Et franchement, même sans atteindre la source, cette portion de F-road valait le détour : les paysages y sont charmants et on est revenues à Akureyri ravies, malgré tout, de cette escapade.
C’est aussi ça, les Hautes Terres : des tentatives, des demi-tours, des imprévus…mais toujours la sensation d’avoir vécu quelque chose d’unique !
Landmannalaugar par la F225 : virée avortée et demi-tour à flanc de volcan, ou quand la glace a eu le dernier mot
Rejoindre Landmannalaugar, c’est un peu le graal pour tout amateur de paysages islandais grandioses. Montagnes striées d’ocre, de rose et de gris, sources chaudes en pleine nature, coulées de lave, randonnées spectaculaires…bref, on ne pouvait pas effectuer ce voyage sans tenter d’y poser les pieds.
Pour y parvenir, on a choisi la F225, une piste sauvage et peu fréquentée qui longe les pentes du volcan Hekla — autant dire un itinéraire qui fait battre le cœur un peu plus fort que la moyenne. Elle est réputée être à la fois plus simple et moins empruntée que la F208 (oui, on sait, les deux qualificatifs ne vont pas ensemble mais beaucoup de gens surestiment les capacités de leur voiture de location…). Quoi qu’il en soit, elle semblait parfaite pour nous ! Dès les premiers kilomètres, on en a pris plein les yeux : une terre de cendres noires, des roches figées par les éruptions, des champs de mousse d’un vert étonnant, un ciel tantôt clément, tantôt menaçant… Une véritable ambiance fin du monde, version nature à l’état brut.
Mais après plusieurs jours de pluie, la piste était loin d’être clémente. On a franchi deux gués sans trop de difficulté, prêtes à continuer coûte que coûte. Puis est arrivé le troisième. Beaucoup plus large (plusieurs longues dizaines de mètres), beaucoup plus profond, avec un courant pas franchement engageant. On est descendues, on a longuement discuté, évalué et reconsidéré nos talents de conductrices, on a discuté avec des islandais, hésitants eux aussi (c’était mauvais signe), on a vu des voitures, de l’autre côté, faire demi-tour et c’est donc le cœur un peu serré que l’on a pris la seule décision raisonnable qui vaille : rebrousser chemin.
Comme si l’Islande voulait appuyer un peu plus sur le bouton “épique”, un autre grand moment nous attendait. En effet, nous ne voulions pas baisser les bras aussi facilement donc, lorsque nous avons aperçu un petit panneau d’indication fléchant le volcan Hekla, nous avons immédiatement bifurqué. Après plusieurs kilomètres dans des paysages désertiques, voilà que nous commençons à monter. La piste devient de plus en plus étroite et pentue mais elle est relativement praticable donc on poursuit doucement notre ascension. Soudain, après avoir gravi une portion franchement raide, nous nous arrêtons…ou plutôt, la route nous stoppe net. Face à nous, à flanc de montagne, une large plaque de glace traverse la piste. Impossible d’aller plus loin. Même si on ne s’attendait pas à ça, après les gués, on ne pouvait qu’en rigoler. Le problème, en revanche, s’imposa très vite à nous : on vous l’a dit, la piste était très étroite. Concrètement, il n’y avait absolument aucun espace pour manœuvrer, quand bien même on s’y serait reprises à cent fois… La seule issue ? Une marche arrière…
Alors, là, on n’en menait pas large. On s’est organisés comme des pros : Laure et Tom respectivement devant et derrière la voiture, Boria au volant, toutes vitres ouvertes pour entendre les consignes. Ce fut la marche arrière la plus crispante de notre vie : sur plusieurs centaines de mètres, ponctuée de cailloux, de virages serrés et avec le vide à quelques centimètres des roues. On ne vous cache pas que les palpitations étaient bien là et que les regards étaient très concentrés. Heureusement, comme c’est souvent le cas lors de situations qui le nécessitent, tout le monde a agit dans le calme le plus parfait. Au rythme des « stop », « à droite », « tout droit » ou autres indications, Boria, qui n’avait aucune visibilité du fait de l’étroitesse du chemin (on avait dû rabattre un rétro, côté falaise, pour pouvoir avancer), a manœuvré avec pour seuls repères les voix de ses deux incroyables co-pilotes. De cette façon, mètre après mètre (c’était long…!), on a fini par atteindre une zone légèrement élargie, qui nous a permis de faire demi-tour dans un mélange d’intense soulagement et d’immense fierté (et peut-être un ou deux jurons libérateurs après avoir retenu son souffle bien trop longtemps !).
En définitive, pas de Landmannalaugar et pas d’Hekla cette fois-ci. Mais sincèrement, se qu’on a vécu là, entre tension, fou rire nerveux et paysages lunaires, est gravé parmi nos souvenirs de ce voyage. Et comme pour nous consoler, c’est à Vik, sur la route du retour, que l’Islande nous a offert un autre cadeau : des macareux par dizaines, nichés dans les falaises surplombant la mer. Une fin de journée parfaite, presque irréelle après cette incroyable dose d’aventure. Ce n’était pas le plan initial mais c’était, là encore, un super moment !
F-roads, météo et conseils : toutes les infos pratiques pour s’en sortir dans les Hautes Terres d’Islande sans (trop) galérer
Si vous envisagez de vous aventurer dans les Hautes Terres islandaises, mieux vaut être bien préparé. On vous partage ici tout ce qu’on aurait aimé savoir avant de partir… et ce qu’on a appris sur le tas !
🛣️ Les F-roads, c’est quoi exactement ?
Ce sont des routes de montagne non goudronnées, souvent isolées, caillouteuses, parfois traversées par des gués et réservées exclusivement aux 4×4. On les reconnaît à la lettre “F” qui précède leur numéro (F35, F821, F225, etc.).
Ces routes ouvrent entre mi-juin et mi-juillet, selon les conditions météo, et peuvent refermer dès septembre. L’accès y est strictement interdit aux voitures classiques, même aux SUV urbains et aucune assurance ne vous couvrira si vous enfreignez cette règle.
Bref, ce n’est pas de la balade du dimanche. Mais c’est ce qui en fait aussi tout le charme.
📆 Quand y aller ?
La période la plus favorable pour explorer les Hautes Terres va de fin juin à mi-septembre. En juillet, les pistes sont généralement toutes ouvertes et le temps est plus stable (tout est relatif, on est en Islande…).
Mais attention : chaque année est différente. Certaines F-roads peuvent rester fermées jusqu’à la mi-juillet ou refermer prématurément. Pour vérifier leur ouverture, consultez road.is avant de partir à l’assaut de l’une d’entre elles et pour la météo, cap sur vedur.is.
🚙 Quel véhicule choisir ?
On ne le répétera jamais assez : un vrai 4×4 est indispensable. Un véhicule capable d’encaisser les cailloux, les pentes, les flaques profondes et les gués.
Le strict minimum ? Dacia Duster ou Suzuki Jimny. Mais si vous pouvez viser un Hilux, Pajero, Defender ou Land Cruiser, c’est encore mieux. Et surtout, vérifiez auprès du loueur que la voiture est bien autorisée à circuler sur les F-roads et à traverser des gués, sinon l’assurance ne vous couvrira pas en cas de problème.
🌊 Les gués : on y va…ou pas ?
Les gués font partie du folklore des Hautes Terres. En revanche, ce ne sont pas des flaques de jardin. Certains sont faciles à franchir, d’autres beaucoup moins. L’eau peut être haute, le courant fort, et le fond… un piège à rochers.
Voici nos conseils :
- ne vous fiez pas aux apparences,
- ne vous contentez pas d’imiter le véhicule qui vous précède (ce n’est pas parce qu’un pick-up passe que votre voiture peut le faire),
- sortez, observez, marchez dans l’eau si besoin (à condition que ce soit safe),
- suivez le lit naturel du gué : là où l’eau entre et sort, c’est souvent le chemin à prendre,
- et surtout, si vous doutez, demi-tour ! Ce n’est pas un échec, c’est du bon sens et, promis, vous repartirez quand même avec de superbes souvenirs !
📋 Check-list avant de partir
Se lancer dans les Hautes Terres, ce n’est pas comme aller au supermarché. Une fois sur les pistes, vous êtes seuls au monde. Il faut donc anticiper.
Voici notre liste (testée et approuvée) :
- plein d’essence fait (vraiment, on insiste),
- nourriture, snacks et eau en quantité suffisante,
- carte hors-ligne, appli GPS fiable, power bank si besoin,
- vêtements chauds, coupe-vent, bonnet, gants, même en plein été,
- trousse de secours, lampe frontale, papier toilette (et briquet, pour ne pas dégrader la nature),
- beaucoup plus de temps que prévu !
Enfin : une bonne dose de patience, d’auto-dérision et un petit goût pour l’imprévu.
🛌 Peut-on dormir dans les Hautes Terres ?
Il existe quelques campings rustiques ou refuges sur certaines pistes (Hveravellir, Kerlingarfjöll…). Si vous comptez y loger, pensez à réserver quand c’est possible : les places sont limitées et souvent prisées.
Le camping sauvage est interdit dans les Hautes Terres pour protéger un environnement très fragile. Respectez la règle, c’est essentiel.
🙋♀️ Et si on n’est pas trop à l’aise ?
Pas envie de traverser des gués ni de scruter des cartes météo islandaises à 23h ? On vous comprend ! Après tout, ça ne peut pas plaire à tout le monde.
Dans ce cas, des excursions organisées existent depuis Reykjavik, Selfoss ou même Akureyri, en super 4×4 ou minibus adaptés. Elles vous permettent de découvrir des endroits comme Kerlingarfjöll ou Landmannalaugar sans stress, avec des guides qui connaissent les pistes comme leur poche.
💡 À retenir avant de foncer dans les Hautes Terres
- Pas de F-road sans vrai 4×4. Et non, un SUV tout beau tout neuf ne suffit pas.
- Les gués, c’est pas un jeu. On observe, on teste, et si on doute… on fait demi-tour.
- On part avec le plein (carburant + estomac). Pas de station, pas de réseau, pas de sandwich triangle.
- Juillet-août = période idéale. Mais toujours vérifier l’état des pistes avant de partir (road.is).
- Prévoir large. En Islande, 50 km peuvent devenir une aventure de 3h.
- Camping sauvage interdit. On préserve ce décor lunaire (merci pour lui !).
- Pas serein(e) ? Des excursions existent. Et franchement, si vous préférez admirer que piloter, n’hésitez pas car vous passeriez à côté de paysages à couper le souffle.
En résumé : on anticipe, on s’équipe, on prend son temps et surtout, on en prend plein les yeux.
L’aventure, c’est bien mais l’aventure sereine, c’est mieux 😏
Alors, le verdict ?!
Les Hautes Terres islandaises, c’est un monde à part. Un territoire brut, changeant, parfois intimidant, souvent grandiose. Le long de ces routes quasi-désertiques, pas de villages colorés ou de cafés branchés, juste la nature dans ce qu’elle a de plus extrême et de plus sublime. C’est un espace où l’on accepte de ne pas tout maîtriser, de faire demi-tour si nécessaire, de ralentir, d’ouvrir grand les yeux et de se laisser surprendre.
De Kerlingarfjöll à Hveravellir, des pistes isolées comme la F550 aux tentatives (infructueuses mais épiques !) vers Laugafell ou Landmannalaugar, chaque virée fut un concentré d’émotions. On a traversé des gués, hésité devant une langue de glace, roulé des heures sans croiser âme qui vive et profité de bains chauds fumants en pleine nature.
Est-ce qu’on recommande les Hautes Terres ? Mille fois oui ! Mais à certaines conditions : avec un véhicule adapté, une bonne dose de prudence, une flexibilité totale (la météo et les conditions de piste peuvent tout changer) et surtout, l’envie de vivre une aventure.
Ce n’est certes pas la partie la plus facile de l’Islande mais c’est sans aucun doute l’une des plus marquantes. Et il est certain que, si on retourne en Islande un jour, ce sera avec encore plus d’envie d’explorer ces pistes perdues et ces paysages lunaires. On reviendra. Et on retentera Landmannalaugar. Promis.