
Balade le long du Bosphore à Istanbul : Ortaköy, Arnavutköy et Bebek
Quand on évoque Istanbul, ce sont souvent les mêmes images qui viennent à l’esprit : Sainte-Sophie, le Grand Bazar ou la tour Galata… Cependant, pour sentir battre le cœur de la ville au rythme du Bosphore, rien ne vaut une balade dans les quartiers du Bosphore Istanbul. À l’écart de l’agitation du centre, Ortaköy, Arnavutköy et Bebek dévoilent une autre facette d’Istanbul : celle des terrasses animées au bord de l’eau, des maisons ottomanes aux façades colorées et des cafés branchés où l’on vient flâner face aux bateaux qui filent vers la mer Noire. Trois quartiers voisins, trois ambiances différentes : Ortaköy la vibrante et touristique, Arnavutköy la discrète au charme authentique et Bebek la chic et animée. Si vous rêvez d’une promenade le long du Bosphore, ce trio est l’escapade idéale pour changer de décor et découvrir une autre Istanbul, à la fois paisible, superbe et bouillonnante.
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Ortaköy : entre mosquée iconique et ambiance familiale
Impossible de parler du Bosphore sans évoquer Ortaköy, l’un des quartiers les plus emblématiques d’Istanbul. Situé sur la rive européenne, entre Beşiktaş et Arnavutköy, il marque la transition entre le centre animé de la ville et les zones résidentielles plus chics qui s’étendent au nord. Accessible facilement en bus depuis Taksim ou Beşiktaş (il suffit de longer la côte par l’avenue Muallim Naci Caddesi) ou en taxi pour plus de confort, c’est une étape incontournable lors d’une balade le long du Bosphore.
Si Ortaköy attire autant de visiteurs, c’est d’abord pour sa mosquée, posée comme par enchantement au bord de l’eau. La mosquée d’Ortaköy (Büyük Mecidiye Camii), construite au XIXe siècle par l’architecte arménien Nigoğayos Balyan, est un bijou d’architecture baroque ottomane. Son dôme élégant et ses minarets élancés offrent un contraste saisissant avec le pont du 15 Juillet qui la surplombe. La scène est devenue une véritable icône d’Istanbul, immortalisée sur des milliers de cartes postales et de photos Instagram.
La grande place d’Ortaköy, juste devant la mosquée, est toujours en effervescence. On y croise des familles venues se promener, des couples installés face au Bosphore, des vendeurs de ballons ou de marrons grillés, et une foule de touristes venus goûter au plat star du quartier : le kumpir. Ces énormes pommes de terre cuites au four, farcies de fromage, légumes, olives ou sauces, sont une institution locale alors si ça vous tente, c’est ici que vous pourrez en tester !
Derrière cette image de carte postale, Ortaköy est aussi un quartier riche d’histoire. Son nom signifie littéralement “le village du milieu”, et il a longtemps été un lieu de coexistence entre différentes communautés. On y trouvait autrefois une importante population grecque, arménienne et juive, venues s’installer ici dès l’époque byzantine et ottomane. De ce passé cosmopolite restent encore quelques vestiges : une église orthodoxe grecque, la petite église arménienne Surp Krikor Lusavoriç, ou encore une synagogue, témoignages émouvants de ce quartier où vivaient autrefois côte à côte plusieurs religions.
Aujourd’hui, même si la population a changé et s’est turquisée, on ressent encore cette atmosphère cosmopolite dans le mélange des architectures et des traditions. C’est cette richesse culturelle qui donne à Ortaköy un caractère particulier, différent des quartiers purement résidentiels ou strictement touristiques.
Au-delà de la place principale et de son agitation, Ortaköy cache un autre visage. En s’éloignant un peu du Bosphore et en s’aventurant dans les ruelles étroites qui grimpent derrière la mosquée, on découvre un dédale de maisons anciennes, souvent en bois, aux façades colorées. Certaines sont restaurées et impeccables, d’autres plus délabrées mais pleines de charme. C’est dans ces rues que nous avons eu notre première immersion dans les quartiers chics du Bosphore : un mélange entre raffinement discret et atmosphère de village, où le temps semble s’être arrêté.
Nous avons adoré nous perdre dans ces ruelles, photographier les balcons ouvragés et observer la vie locale loin de la foule massée sur la place. C’est ici qu’Ortaköy prend toute sa saveur : dans ce contraste entre le cliché Instagram au bord de l’eau et la vraie vie stambouliote un peu plus en retrait.
L’avenue principale, Muallim Naci Caddesi, marque une frontière dans le quartier. Côté Bosphore, c’est la version carte postale d’Ortaköy : mosquée, terrasses, kumpir et foule. Mais en traversant cette grande avenue, on découvre un Ortaköy plus populaire et plus authentique. Ici, moins de touristes, plus de commerces du quotidien et de petits restaurants locaux où l’on peut manger turc à des prix raisonnables. C’est un excellent plan si vous voulez éviter les attrape-touristes de la place et découvrir une cuisine plus simple et familiale. De notre côté, on s’est arrêtées sur une petite terrasse un peu à l’écart de l’agitation, chez Dürümcü Enişte, fréquenté uniquement par des locaux, proposant une cuisine simple mais délicieuse et où l’on a été accueillies avec gentillesse et générosité !
Pour nous, Ortaköy a été une formidable première immersion dans ces quartiers du Bosphore où Istanbul se dévoile sous un autre angle : plus chic, plus résidentiel, mais aussi profondément attachant. Nous avons aimé son mélange d’icônes incontournables (la mosquée, le pont), de ruelles charmantes aux maisons colorées, et de traces de son passé cosmopolite. Oui, c’est touristique, surtout autour de la place, mais il suffit de s’éloigner un peu pour découvrir un quartier plein de vie et de contrastes, à la fois élégant et populaire.
Arnavutköy : charme discret et façades ottomanes
En longeant le Bosphore vers le nord après Ortaköy, on arrive à Arnavutköy, un quartier qui nous a littéralement charmées. Ici, plus de grandes places bondées ni de kumpir géants : Arnavutköy séduit par sa discrétion et son authenticité. Niché entre l’avenue Muallim Naci Caddesi et le Bosphore, ce quartier résidentiel conserve encore l’une des plus belles concentrations de maisons ottomanes en bois d’Istanbul. Leurs façades colorées, souvent ornées de balcons et de détails sculptés, donnent à ces ruelles étroites un air hors du temps.
Son nom signifie “le village des Albanais”, rappelant l’installation d’une communauté venue des Balkans à l’époque ottomane. Mais Arnavutköy fut aussi longtemps un quartier cosmopolite, peuplé de Grecs, de Juifs et d’Arméniens. Cette diversité se reflète encore aujourd’hui dans son patrimoine : en se promenant, on tombe sur de petites églises orthodoxes, une église arménienne discrète, et même une synagogue. Autant de traces d’un passé riche où différentes communautés vivaient côte à côte au bord du Bosphore.
Arnavutköy, c’est avant tout une balade en bord de mer. Le long des quais, on croise des pêcheurs alignés sur les rambardes, des familles qui se retrouvent pour discuter, et des cafés-restaurants avec terrasses donnant directement sur l’eau. L’endroit est chic, mais sans ostentation, avec une atmosphère paisible qui contraste fortement avec l’agitation d’Ortaköy. On y vient pour prendre un café en regardant passer les bateaux, pour dîner en tête-à-tête face au Bosphore ou simplement pour marcher tranquillement en profitant de la vue.
Ce qui nous a le plus marquées, ce sont les ruelles en retrait, bordées de maisons ottomanes. Certaines sont fraîchement restaurées, avec des couleurs éclatantes, d’autres un peu décrépies mais terriblement photogéniques. Ces rues ont un côté presque cinématographique, qui nous a donné l’impression d’être loin de la frénésie d’Istanbul. Nous avons adoré nous perdre dans ce dédale, appareil photo en main, à la recherche de la façade la plus charmante.
Arnavutköy se situe à seulement quelques minutes en bus ou en taxi depuis Ortaköy, le long de Muallim Naci Caddesi. Il est aussi possible de s’y rendre directement en ferry, bien que l’embarcadère soit assez modeste et moins desservi que ceux de Beşiktaş ou Ortaköy. Le quartier se parcourt très facilement à pied, et l’on peut prolonger la balade jusqu’à Bebek, situé juste au nord.
Arnavutköy a été pour nous un véritable coup de cœur. Peut-être parce que nous ne nous attendions pas à trouver un endroit aussi paisible et élégant à deux pas d’Ortaköy, ou peut-être parce que ses ruelles nous ont immédiatement séduites par leur charme intemporel. Ici, Istanbul se fait plus douce, plus raffinée, et l’on comprend vite pourquoi ce quartier est si apprécié des Stambouliotes. Si vous cherchez à découvrir un Istanbul plus confidentiel, loin des foules mais riche en atmosphère et en histoire, Arnavutköy est l’endroit rêvé.
Bebek : chic, animé et tourné vers le Bosphore
En continuant la balade vers le nord après Arnavutköy, on arrive à Bebek, l’un des quartiers les plus huppés d’Istanbul. Ici, le ton change : le bord de mer se peuple de terrasses branchées, de restaurants raffinés et de cafés où se presse la jeunesse stambouliote. Bebek est clairement un quartier chic, animé de jour comme de nuit, où l’on vient autant pour se montrer que pour profiter de la vue splendide sur le Bosphore.
L’atout numéro un de Bebek, c’est sa promenade en front de mer. On peut y marcher longuement en profitant de l’air marin, en croisant joggeurs, familles et couples venus flâner. L’ambiance est détendue mais élégante, avec ce petit supplément “lifestyle” qui fait la réputation du quartier. Les cafés de Bebek sont réputés, certains très fréquentés pour leurs brunchs, d’autres pour leurs pâtisseries ou simplement pour leur terrasse face à l’eau. C’est le genre d’endroit où l’on s’imagine volontiers passer une matinée paresseuse, un livre à la main et un latte devant soi.
Avant même d’arriver dans le centre du quartier, on traverse le parc de Bebek (Küçük Bebek Parkı). Ce petit coin au bord de l’eau nous a étonnées : les Stambouliotes y étaient installés sur les quais comme sur une plage, certains bronzant tranquillement, d’autres se baignant directement dans le Bosphore, avec en toile de fond une mosquée d’un côté et un ancien palais de l’autre. L’ambiance était à la fois conviviale et un peu surréaliste : voir les gens piquer une tête dans ce détroit mythique au milieu de la ville reste une image qui nous a marquées !
En se promenant dans Bebek, on découvre un quartier contrasté. D’un côté, quelques belles demeures anciennes subsistent, souvent rénovées avec soin et donnant un aperçu du faste d’autrefois. De l’autre, les résidences modernes et immeubles luxueux, parfois sans grand charme, rappellent que Bebek est aujourd’hui l’un des secteurs les plus prisés (et les plus chers) d’Istanbul. Ce mélange peut donner une impression moins pittoresque qu’à Arnavutköy, mais il reflète bien le visage actuel du quartier : moderne, chic et tourné vers une clientèle aisée.
Nous avons trouvé Bebek agréable, notamment pour prolonger la balade le long du Bosphore et profiter d’une pause en terrasse. C’est un bon spot pour observer une autre facette d’Istanbul, plus contemporaine et tournée vers le “lifestyle”. Mais pour être honnêtes, ce n’est pas le quartier qui nous a le plus marquées : si vous manquez de temps, mieux vaut privilégier Ortaköy pour son ambiance iconique ou Arnavutköy pour son charme intemporel. Bebek reste une étape sympa si vous aimez les ambiances chics et branchées, mais pas forcément un must-see lors d’un premier séjour.
Le Bosphore : entre mythe et réalité
Difficile de visiter Istanbul sans évoquer son joyau : le Bosphore. Plus qu’un simple détroit, il est un symbole à part entière, reliant l’Europe à l’Asie et donnant à la ville son visage si unique. Long de 32 km, il relie la mer de Marmara à la mer Noire et son nom vient du grec Bosporos, qui signifie littéralement “le passage de la vache”, en référence au mythe d’Io, transformée en génisse et contrainte de traverser ces eaux. Au-delà de cette légende peu commune, le Bosphore a toujours eu, à travers l’histoire, une importance stratégique, voyant passer au fil des siècles les Byzantins, les Ottomans, les marchands, les pêcheurs… Aujourd’hui encore, il reste une véritable artère vitale, sillonnée en permanence par des cargos gigantesques, des ferrys bondés mais également de petites embarcations. De par son histoire et tout ce qu’il véhicule, le Bosphore revêt un caractère mythique : le contempler, c’est un peu ressentir toute l’âme d’Istanbul, qui a traversé les siècles comme elle traverse ces eaux…
Découvrir le Bosphore en bateau
Il existe mille façons de découvrir le Bosphore et il serait sans doute possible de lui consacrer des jours entiers… Mais, à défaut de pouvoir naviguer dans chaque recoin, de très nombreuses croisières sont proposées au départ de plusieurs points de la ville, allant d’une à plusieurs heures, à des tarifs très divers en fonction de la durée prévue, de la taille des embarcations et des services offerts à bord.
De notre côté, pour une première immersion, nous avons opté pour une croisière d’1h30 avec une compagnie de ferries, Dentur Avrasya, qui propose des départs réguliers tout au long de la journée. Le tarif était de 250 YTL par personne (5 € environ), ce qui est tout simplement le moins cher que nous ayons trouvé ! La question n’était pas le prix mais plutôt la durée et les commodités : en effet, pas de contraintes horaires à tenir puisqu’il y a 9 départs tous les jours, ça nous laissait le temps de bien explorer la ville par ailleurs et le ferry partait de l’embarcadère Besiktas (d’ailleurs, si vous voulez en savoir plus sur le quartier, venez lire notre article : Le quartier Besiktas, notre premier coup de cœur à Istanbul) situé à quelques minutes de notre hôtel.
Nous avons opté pour le départ en fin de journée, afin de profiter du coucher de soleil sur l’eau. Concrètement, nous devions être à peine une vingtaine de personne sur le ferry, où nous pouvions circuler librement pour apprécier la vue comme bon nous semblait. En définitive, on ne peut que recommander cette option, qui a pourtant l’air un peu cheap au regard des croisières de 2 ou 3h tournant aux alentours de 40 à 50€ par personne… Alors, bien sûr, le bateau n’est pas luxueux, il n’y a pas de collation et encore moins de champagne mais, après tout, on est là surtout pour admirer la vue et se plonger dans l’atmosphère unique de ce fleuve, non ?!
En tout cas, cette expérience nous a offert un moment paisible et un peu hors du temps, durant lequel on a pu voir les silhouettes des mosquées et des palais se parer peu à peu des couleurs de fin de journée, pendant que le ciel rosissait au-dessus du Bosphore… Un vrai petit instant de magie, où l’on s’est dit qu’Istanbul avait décidément su nous surprendre et nous charmer ! Et pour parfaire le tableau, impossible de résister à un simit, ce petit pain rond au sésame vendu à tous les coins de rue et que les Stambouliotes grignotent à toute heure ! Croquer dans un simit tout chaud en regardant défiler les rives d’Istanbul depuis le pont du ferry, c’est peut-être simple mais c’est exactement ce genre de choses qui rend un voyage inoubliable.
Quelle que soit l’option que vous choisissez, une balade en bateau sur le Bosphore est bien plus qu’une activité touristique : c’est une façon de sentir le souffle d’Istanbul, entre ses deux continents, et de comprendre pourquoi cette ville fascine autant depuis des siècles.
Alors, le verdict ?!
Chacun de ces trois quartiers du Bosphore a sa propre personnalité. Ortaköy est sans doute le plus emblématique : sa mosquée au bord de l’eau, sa grande place animée et ses kumpir géants en font un passage marquant, même si l’endroit reste très touristique. Arnavutköy, avec ses ruelles bordées de maisons ottomanes en bois et son atmosphère paisible, nous a totalement séduites. C’est un quartier plein de charme, un peu hors du temps, qui révèle une facette plus confidentielle d’Istanbul. Bebek, enfin, incarne le côté chic et branché de la ville : cafés tendance, promenade au bord du Bosphore, jeunesse stambouliote élégante… agréable à découvrir, mais moins marquant si l’on cherche du patrimoine ou de l’authenticité.
Si vous n’avez pas le temps de tout faire, on vous conseille de privilégier Ortaköy pour son ambiance iconique et sa mosquée photogénique, ou Arnavutköy pour son charme discret et ses façades colorées. Bebek, lui, reste une belle option pour prolonger la balade et goûter à l’Istanbul chic, mais il n’est pas forcément prioritaire lors d’un premier séjour.
Et au fond, ce qui rend cette balade si spéciale, c’est aussi le Bosphore lui-même : toujours présent en toile de fond, reliant chaque quartier, offrant des panoramas uniques et cette atmosphère à la fois paisible et vibrante. C’est lui qui donne tout son sens à cette succession d’escales et qui transforme une simple promenade en véritable voyage au cœur d’Istanbul.
Enfin, si vous poursuivez encore un peu vers le nord, vous tomberez sur Rumeli Hisarı, dominé par son impressionnante forteresse construite au XVe siècle. Moins connu des voyageurs, ce quartier offre pourtant de beaux panoramas sur le Bosphore et complète parfaitement cette découverte des rives européennes.
Quoi qu’il en soit, faire une croisière sur le Bosphore et se balader dans Ortaköy, Arnavutköy et Bebek – ainsi que, pourquoi pas, Rumeli Hisarı – est une superbe manière de découvrir une autre facette d’Istanbul, loin des incontournables touristiques et pourtant pleine de vie et de caractère. Nous, on est totalement conquises !